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Critique de SerialLecteurNyctalope


Conjuguer le verbe, la grammaire et l'amour ? Mission difficile et pourtant Coline Pierré nous offre un recueil d'une immense beauté et d'une grande transparence. Comment transmettre à l'autre ce que l'on ressent ? Comment lui faire comprendre ce qui traverse notre coeur et notre esprit. Est-ce véritablement nécessaire de savoir ? Dédiant son recueil à Martin qui danse avec elle depuis douze ans, l'autrice explore les zones d'ombre de ce sentiment si mystérieux qui passe généralement par le langage. Élément singulier et multiple que ce dernier tant il est protéiforme. Et si nos émotions étaient trop grandes et les mots trop étroits ? En jouant sur la forme des lettres et des phrases au coeur du texte, on oscille comme des anguilles et on souligne chaque claque qui dit : poésie. Il est question d'impossibilité, d'empêchement, de retenu, de pudeur dans ce que l'on dit à l'autre. Celui ou celle qui saura déchiffrer ce que l'on dit, ce que l'on comprend et ce que l'on retient. Avec maladresse la plupart du temps, avec véhémence parfois, avec silence souvent. La voix tremble, les yeux vacillent, la bouche se décompose et on marmonne une phrase qu'on regrette bien assez tôt.

Ce recueil prône le déséquilibre, l'instabilité de ce qu'un être humain est capable de faire ou de dire. Il raconte ce que l'on croit savoir ou ce que l'on pense et met le doigt sur l'indicible. À la fois juste, imagé, métaphorique et romantique, on nage dans une succession de petits écrins. La poitrine se gonfle, les lèvres devenant prêtes à accueillir l'offrande, on s'apprivoise au détour de langues qui ne se comprennent pas toujours. le corps devient électrique, rempli de turbulences et de paradoxes, chaque page virevolte au creux de nos doigts. Coline Pierré ne dit pas seulement l'amour, elle le dessine, le comprend, le ressent et le transmet. On y voit les petits détails entre les interstices du sentiment amoureux. Ce livre « scintille comme une fête foraine » où la danse et les mots viennent se compléter pour mieux s'aimer. En criant « je » est incomplet, on prend conscience des difficultés linguistiques entre deux êtres qui s'aiment. Il y a ce qu'on entend, ce qu'on comprend ou ce qu'on croit entendre voire ce qu'on interprète. le langage comme bénédiction ou malédiction, le regard de l'autre comme reflet de ce que nous sommes, rares sont les recueils poétiques avec autant de force et de densité textuelle. Que chacun d'entre nous prenne conscience du pouvoir de nos mots et de ce qu'ils impliquent quand ils ont la chance de sortir de notre bouche.
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