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Critique de Davjo


Le plaisir subtil et doux amer de la mélancolie.
J'ai beaucoup aimé ce récit de Pirotte. Un homme est attablé et trace des phrases sur sa feuille. Il revisite son passé, les femmes qu'il a connu et qui se confondent. Ceux qui aiment Un homme qui dort de Perec peuvent prendre ce roman comme une sorte de suite qui se passerait dans le nord ou en Belgique. Des instantanés qui parlent d'une vie sans fait saillant, sans intrigue. le style soutient l'ensemble, pour un livre où il semble ne rien se passer. Des mots simples comme le vent, le pluie, la mer, associés à l'inquiétude frileuse, le bonheur vif et rehaussés par un terme plus spécialisé comme agrès, par une image comme celle de voiliers dans la brumes

Mais le passé souvenu n'est pas le présent et l'écrivain, à sa table, est souvent pris par le dégoût de ces phrases dévidées dans un décor de cuisine, les odeurs autour de lui...

C'est un homme qui s'appelle Vincent et qui pense que la vie est une somme d'absences multipliées par elles-mêmes à l'infini. Une vie nue et vide, une vie de pas perdus. Un homme qui regarde par la fenêtre et dit ce qu'il voit, ce qu'il ressent, il a mal à la jambe gauche. Il se détache de la fenêtre et se rassied. Il continue à écrire les mots étiques d'un quotidien qui se dépenaille de soir en soir.
La galerie de taupe que l'on creuse, à l'aveuglette.

Il remarque des détails comme les chatons de poussière, les appliques murales d'un salon octogonal. Il veut des femmes, mais n'est jamais vulgaire, il appelle ça: chercheur d'aubaines furtives. Plus tard, l'homme réalise que l'amour et la pluie, dans la chambre d'hôtel en face de la gare, ont conjugué des charmes puissants et dérisoires.
Le dimanche, le passé rôde...
En gare de Nimègue, il a rencontré la blonde C...A moins que ce soit Mina ou la belle Virginia.Ils errent de frîche concertée en lande sablonneuse, de basses pinèdes en étendues de bruyères. Il note la forme tourmentée d'un grand arbre, l'ondulation à peine perceptible d'un ressaut de terrain, le sillon noir et blanc d'un vol de pie ou l'appel perdu d'une voix dans un chemin creux...Il va marcher, trébucher, le long du canal où deux péniches immobiles attendent la fin du monde. Un homme qui écrit qu'il ne peut pas se permettre de fantaisies aussi dispendieuse que l'envie de vivre. En 1982, Pirotte, l'avocat défroqué, est encore vivant pour encore plus de trente ans...

En lisant ce texte de presque rien, j'avais envie de me le mettre en bouche, de le réciter...
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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