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Critique de nilebeh


Théa vit avec sa mère, la belle Marie Forestier, son père, Charles, vice-gouverneur de Nouvelle-Calédonie et son frère Benoît à Nouméa. Elle partage son temps entre le collège, la famille qui vit la vie des colons et « expats », hauts-fonctionnaires en milieu doré servis par les autochtones. Sa meilleure amie, Isabelle, partage avec elle des moments inoubliables de complicité. Elle, sa soeur, sa confidente, sa pareille. Avec qui elle découvre les premiers émois.

Ce roman, en grande partie autobiographique aborde les thèmes de l'adolescence et des amitiés-amours juvéniles, le passage vers l'âge adulte dans un milieu apparemment très protégé mais dont il n'est pas facile de s'extraire des codes de bienséance ni du caractère étriqué de la vie en vase clos, entre mondanités, enjeux de carrière, réputations à sauvegarder, faux-semblants et ragots.

Sa mère, Marie, manifestement s'ennuie et cherche un peu de piquant dans une relation secrète avec le Dr Royan. Pour le séduire, elle galope tous les matins, très tôt, sur la plage. Paysages de carte postale, végétation tropicale, soleil enchanteur ne font pas oublier les souffrances des mineurs dans la mine de nickel, cette pierre d'un vert profond qui rendra les aciers inoxydables. Charles s'applique à calmer les tentatives de grève, le père d'Isabelle est sur le point de quitter honteusement l'archipel, muté d'office suite à des transactions frauduleuses sur les CFA. le docteur tente d'échapper aux provocations de Marie, Isabelle cache à Théa son départ imminent, sa mère se terre au fond de sa belle propriété : secrets, gêne, honte, malaise, la vie n'est finalement pas si rose chez les diplomates servis par l'indigène aux frais du contribuable ! Pour autant, on n'a pas forcément envie de pleurnicher sur leur sort.

Quant aux indigènes, ils apparaissent sous les traits de danseurs sauvages terrifiques, entre servilité et agressivité. le Ministre de la France d'Outre-mer est attendu, alors tout doit être nickel ! Il faut calmer les Canaques qui commencent à réclamer leur part du gâteau et la revalorisation de leurs droits, voire l'autonomie. Alors, on a trouvé : l'archipel de la Nouvelle-Calédonie ne sera plus une colonie mais un Territoire d'Outre-Mer (TOM), le gouverneur cessera d'être gouverneur pour devenir un Haut-Commissaire. Voilà qui change tout !

Alors, pour jouir jusqu'au dernier jour de ce beau titre, on va organiser « le bal du Gouverneur », cela a tout de même une autre classe que celui du Haut-Commissaire ! Dorures, cristaux, jolies robes froufroutantes sur un air de paso-doble et champagne et buffet venus à grands frais de métropole, place à la danse !

Marie-France Pisier , dans une postface, indique que ce roman n'est pas autobiographique mais qu'elle a tenté de restituer des images et des sensations de son enfance. Elle a passé, entre l'âge de six et douze ans, une partie de sa jeunesse en Nouvelle-Calédonie. On peut supposer que le personnage de Théa, quoique un peu plus âgé, lui ressemble. le roman a été écrit en 1984, alors que le mouvement canaque prenait forme. L'auteure effleure le sujet par la voix de certains indigènes qui réclament le vin supprimé par le gouverneur lors de la visite du ministre : « Le vin, on s'en fout ! Dans dix ans, c'est le sang des Blancs qu'on boira ! » Et au sujet des bagnards : « Ils prennent le travail des autres. Ils volent, ils font peur. »

Entre carte postale et poudrière, la Nouvelle-Calédonie des années 80...
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