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Critique de Acerola13


Après quelques mois à le laisser traîner sur l'étagère, j'ai entamé cet essai de Guillaume Pitron, et ne l'ai plus lâché jusqu'à sa fin.

Traitant à la fois d'économie, de développement durable, d'industrie minière, de magnétique, d'histoire et de géopolitique, La guerre des métaux rares n'en demeure pas moins une lecture simple, accessible, et très édifiante, à travers laquelle l'auteur tente de sensibiliser son lecteur au coût écologique réel de la transition énergétique telle qu'elle a été définie (et ratifiée par plus d'une centaine de pays) lors de la COP 21 à Paris.

L'hypothèse selon laquelle nouvelles technologies et green technologies vont s'allier pour sauver la planète et permettre un développement durable et non (moins) polluant est remise en question à travers une argumentation précises et fouillées, citant au passage bon nombre d'ouvrages qui ont l'air plus qu'intéressant : on y apprend que les technologies dites "vertes" (éoliennes, panneaux solaires, voitures électriques...) contiennent toutes des terres rares, de super métaux aux propriétés aussi impressionnantes que concentrées (c'est plus petit, mais super puissant).

Le souci environnemental : l'extraction de ces terres rares est extrêmement polluante...donc si l'on veut plus d'énergies vertes, il faudra également extraire plus de terres rares, et donc la pollution ne disparaîtra pas comme par magie.

Le souci géopolitique : ces terres rares sont plutôt rares, exceptés quelques pays chanceux (la Chine bien sûr, la RDC, l'Afrique du Sud, le Brésil, la Turquie, la Russie, les Etats-Unis, la France, et pour d'autres métaux moins rares mais tout aussi nécessaires la Bolivie, l'Argentine, le Chili, ou encore l'Indonésie). Prendrons-nous le risque d'être dépendants pour l'approvisionnement de ces précieux métaux aussi indispensables aux technologies vertes qu'aux nouvelles technologies (et donc aux industries d'armement) ?

Le souci (d'intelligence) économique : la Chine a accepté de sacrifier son environnement pour la production de ces précieux terres rares, dont elle domine le marché : les faibles coûts d'extraction lui permettent de vendre à des prix compétitifs, qui empêchent les pays soumis à des normes environnementales plus strictes de lancer leur propre production, ou même de recycler d'anciens appareils...Mieux, elle manipule les cours de ces matières, et n'hésite pas à jouer de ses prétendus stocks pour se jouer de la concurrence ou mettre sous pression des pays tels que le Japon.

Cela commence à faire pas mal de problèmes pour des technologies censées nous sauver ! Si la plupart des sujets ci-dessus sont loin d'être totalement méconnus, l'ouvrage de Guillaume Pitron apporte des explications et des exemples simples et extrêmement parlant, qui poussent à la réflexion et non à des convictions simplistes. En plus de cet exercice de questionnement, La guerre des métaux rares contient une foultitude d'anecdotes très intéressantes, tant sur la stratégie économique de la Chine, sur la propension des pays occidentaux à penser court-terme ou encore sur ce que recèle le sous-sol français...sans parler de la mention d'une tribu sud-africaine administrant son royaume grâce à une intelligente exploitation du platine.

Un vrai coup de coeur, à mettre entre les mains de tous ceux qui se soucient (ou non) d'écologie, pour que les choix politiques en matière de développement durable soient faits avec intelligence...ou à défaut, avec la conscience des impacts qu'ils impliqueront.
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