Dans la lumière rase de la mort, qui rend la vie plus concise et plus nette, un service d'hôpital se dévoile, soignants, familles et patients. Les soins quotidiens, les souffrances, les petites joies, tout a son prix lorsque l'univers se réduit à une chambre et que le temps nous conduit vers sa fin. Mais surtout valent les paroles ; l'échange ; la présence humaine. Dans ce qui pourrait devenir un enfer aseptisé, l'ouvrage d'Eric Plastre, malicieux et sensible, se tient aussi loin que possible du morbide. Il sème ses fleurs de poésie et d'amitié au long du couloir vitré que parcourent des lits roulants. Il s'approche au plus près du mystère qui demeure, et se découvre ainsi plus profond. Les Stoïciens conseillaient d'apprendre à mourir. C'est bien cette sérénité que communique Observateurs et Patients, au terme de plusieurs historiettes au charme teinté d'humour et de tendre ironie. Jamais l'ouvrage ne bascule dans la complaisance, ni dans la sensiblerie, jamais dans la tristesse : pourtant le drame y est omniprésent, se cache sous l'anodin, et se termine souvent par le pire. Mais l'auteur sait conserver cet équilibre fait d'attention et de proche distance, qui place son livre hors de toutes les catégories. Ou alors seulement celle commune de l'humaine expérience . Une subtile réussite, qui lie avec bonheur le poids de l'existence à sa légèreté, par le plaisir du texte.
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