Le roi cornu

Grosse nouvelle - ou petite novella - conçue comme un récit-bonus, en marge de la saga "Les sentiers des astres", 1000 ans avant Manesh. 1000 ans en arrière, ça permet évidemment de plonger dans des époques archaïques, où l'influence des astres et la magie, plutôt subtiles dans Manesh, s'affichent ici de manière très décomplexée: le roi cornu a vraiment une corne sur la tête, le temps peut être accéléré, des âmes errantes volent dans le ciel, les prophéties sont très exactes, un clan humain peut conclure un pacte avec des créatures sous-marines... Bref, mythe et surnaturel à tous les étages. Un peu trop pour moi, je dois l'avouer; l'écriture de Platteau, toujours très précise, fluide, et volontiers poétique, excelle quand il s'agit de suggérer, de suivre les personnages pas à pas dans ses grands récits romanesques. Mais ici, les manifestations des puissances divines apparaissent trop souvent incongrues. Et après une première scène d'ordalie particulièrement bien menée, le rythme devient heurté, comme si on avait affaire à des fragments plutôt qu'une histoire suivie. L'auteur semble avoir couru plusieurs lièvres, hésitant entre différentes voies possibles (geste d'un peuple en fuite, roi exceptionnel, dilemme face à la mort, alliance avec l'océan...) , trop de grands thèmes pour si peu de pages. Du coup, les personnages ne sont que des figures, un peu lointaines, presque abstraites - qu'ils meurent ou survivent, réussissent ou échouent importe assez peu.
Cela reste malgré tout un récit de Platteau, avec ses beautés et, pour les inconditionnels, le plaisir d'avoir l'impression de remonter à la source de son inspiration.