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Critique de Melisende


Prix des Imaginales l'année dernière, coup de coeur cette année… on n'arrête plus Stefan Platteau ! Curieuse comme je suis, il fallait que je tente la lecture de ce fameux Manesh qui semble remporter tous les suffrages…
Eh bien moi aussi je suis tombée sous le charme ! Un beau voyage inspiré des mythologies celtiques et hindoues, servi par une plume poétique et travaillée… les tomes 0 et 2 sont d'ores et déjà dans ma bibliothèque et il me tarde de me replonger dans l'univers mystique et brumeux créé par le belge.

Manesh est construit sous la forme d'un récit à deux voix. Premier point de vue : celui, au présent, nous contant les aventures d'un groupe de guerriers dérivant sur un fleuve, allant vers le Nord, à la recherche d'un oracle. Alors qu'ils naviguent, les hommes repèrent un pauvre malheureux flottant sur un bout de bois au milieu de nulle part, seul au monde. Mal en point, le jeune homme est repêché et soigné à bord, malgré la méfiance des guerriers. Entre deux accès de fièvre, Manesh – parce que c'est son nom – dévoile petit à petit son identité en revenant sur ses souvenirs… et il remonte loin ! C'est le deuxième récit, enchâssé dans le premier et cette fois le conteur utilise les temps du passé.
Evidemment, les deux histoires se rejoignent finalement mais je ne vous explique pas comment, ce serait vous gâcher la surprise… mieux vaut vous plonger petit à petit dans ces récits et vous imprégner de l'atmosphère qui se dégage de l'un comme de l'autre.

J'ai vraiment été sensible aux ambiances créées par Stefan Platteau. J'imaginais ce fleuve, comme une bande d'eau serpentant entre deux morceaux de terre couverts de forêts mystérieuses… de la brume, un silence pesant seulement troublé par le clapotis de l'eau et la respiration des hommes inquiets sur les bateaux et puis soudain, retentissant à la fois si proches et si éloignées, des sortes de cornes de brume à glacer le sang. Je m'y croyais. VRAIMENT. J'ai encore en tête quelques scènes bien présentes et donc bien marquantes, notamment celles se déroulant sur la mystérieuse île anciennement habitée… et évidemment celles, finales, au fond de la grotte ! Quelle angoisse !

Stefan Platteau a un réel talent de conteur, les images apparaissent sous nos yeux, des sons arrivent dans nos oreilles, l'humidité de l'eau n'est jamais bien loin… Ce premier tome, bien qu'un peu contemplatif, offre une immersion complète. Alors oui, certains y trouveront quelques longueurs, mais moi c'est justement ce côté foisonnant de détails et donc permettant une immersion totale, qui me plaît. Rassurez-vous, si les descriptions sont de la partie, je ne les ai jamais trouvées trop lourdes, bien au contraire ! Les seules petites longueurs que j'ai pu relever arrivent au moment de la poursuite du Semeur de feu, j'ai peut-être ressenti un peu de lassitude face à ces chapitres qui semblent ne pas avoir de fin (disons qu'on sent une petite répétition qui aurait peut-être mérité d'être un tout petit peu allégée)… mais c'est bien le seul moment où j'ai pu constater une baisse de rythme dans ma lecture. Tout le reste m'a absolument enchantée et entraînée dans une course folle !

Difficile de vous parler davantage de l'intrigue sans vous révéler quelques informations clefs… j'ai même l'impression d'en avoir déjà trop dit. Sachez seulement que dans cet univers à tendance nordique, vous trouverez quelques habitants assez étranges : des divinités sous forme de géants arpentant sans cesse les forêts (et ils ne sont pas forcément très sympathiques), des « demi-dieux » à la recherche de leur identité et même une sorte de petit peuple invisible (et là encore, il vaut mieux s'en tenir éloigné)…
C'est le genre de contexte, d'atmosphère mythique/magique/mystique qui me parle énormément et dans lequel je me retrouve beaucoup. Alors forcément, je m'y sens comme chez moi et j'apprécie. Ce premier tome ne donne que quelques éléments contextuels alors j'ai hâte de me plonger dans les tomes suivants (ou spin-off avec Dévoreur) pour en apprendre un peu plus et m'en imprégner davantage.

Stefan Platteau l'a rappelé, il n'y a pas vraiment de héros dans ses Sentiers des Astres, plutôt des personnages qui prennent tour à tour le pas sur les autres au fil des tomes. Ici, le sous-titre l'indique parfaitement, c'est Manesh qui est mis en avant, mais les autres personnages, bien qu'un peu en retrait, ne manquent pas non plus d'intérêt. le barde – celui qui est à l'origine du récit au présent, sur le fleuve – est lui aussi une figure attrayante. Et finalement, je me rends compte après avoir parcouru toutes ces pages, qu'on ne sait finalement pas grand chose de lui… pas plus que sur le personnage de la Courtisane, qui habite pourtant la grande majorité des lignes mais qui reste très mystérieuse… raison de plus de lire le tome suivant (Shakti) qui lui est consacré !

L'auteur parvient par un sacré tour de force à nous tisser tout un contexte mythico-politico-fantasy et à mettre en scène quelques personnages… tout en restant dans le mystère, dans une sorte de brouillard ambiant… et ça fonctionne super bien !
Plus ou moins protégé sur le bateau, remontant le fleuve, le lecteur perçoit les dangers que contient la forêt qui l'entoure et qui semble aussi profonde qu'insondable… Manesh est un premier tome envoûtant à bien des égards et je ne peux que vous conseiller de vous perdre dans les deux récits qui le composent !
Lien : http://bazardelalitterature...
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