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Critique de JessieL


Avec Les Embrasés, Stefan Platteau nous propose donc une lecture en trois temps dont un roman inédit.

C'est une publication qui a le double intérêt d'offrir une parfaite porte d'entrée à l'univers de Stefan Platteau ou de ménager aux lecteurs de la première heure un moment privilégié avec cette plume exceptionnelle de l'imaginaire francophone.

Ce recueil s'ouvre sur la novella, Mille et une torches qui peut clairement se lire comme un préquel au cycle, Les Sentiers des Astres car l'auteur nous y décrit l'étincelle qui a allumé la guerre civile dont il est justement question dans ses premiers romans.

On y retrouve Maroué Luari, prisonnière en son château depuis la débâcle de ses partisans, l'obligeant à signer en ce jour la rédition de son duché de Narrakhin. Mais alors que la messe semble dite, un élément perturbateur pourrait bien renverser la situation, qui sait ?

Pour nous conter ces instants historiques, Stefan Platteau s'appuie sur différents observateurs qui viennent chacun à leur tour apporter leurs témoignages des faits. Or, la construction narrative choisie n'est pas anodine puisqu'elle rappelle étrangement celle utilisée dans sa grande saga. Les témoins de ces événements du jour incarnent en quelque sorte les conteurs que furent Manesh et Shakti dans les premiers tomes des Sentiers des Astres. L'auteur démontre ainsi sa volonté de créer un effet miroir permettant à ses textes de rayonner entre eux.

Ensuite, ce livre enchaîne sur Dévoreur, une novella déjà parue précédemment mais dont la présente réédition est indispensable pour la compréhension et l'appréciation du texte suivant.

On y fait la rencontre de Peyr Romo et de sa femme Aube qui vivent assez solitairement sur le Mont Carmin. Mais, en tant que mage, Peyr doit régulièrement s'absenter et laisse Aube et leurs enfants Lupin et Sita, seuls le temps de ses missions. Un jour, alors qu'Aube est à nouveau abandonnée, elle est perturbée par le comportement de plus en plus étrange de leur ami Vidal depuis son retour de la dernière foire où il etait censé vendre ses ânes. D'irrascible à menaçant, elle le voit lentement vriller et commence sérieusement à craindre pour la vie des filles de son ami. Quelle mouche l'a donc piqué ? Et, s'il s'en prenait physiquement à ses propres enfants, son devoir ne serait-il pas de tenter quelque chose ? Sans nouvelle de son époux, Aube trouvera-t-elle le courage d'intervenir et si oui, quel en sera le prix ?

Avec Dévoreur, on fait la connaissance d'une nouvelle communauté de personnages qui évoluent dans le même monde que celui des Sentiers des Astres puisqu'ils marchent également sous le regard scrutateur des astres.

Or, ce texte satellite est fondamental pour appréhender le caractère mystique de la cosmogonie qu'il a imaginée.

Dévoreur draine une ambiance fantastique qui se teinte progressivement de notes horrifiques. Stefan Platteau y dépose une pesanteur diffuse qui se transforme peu à peu en malaise ambiant, à travers son personnage de Vidal qui quitte vite son air jovial pour laisser place à un masque, d'abord hostile, puis effrayant.

Enfin, le dernier récit s'intitule Les eaux de sous le monde. Bien qu'écrit comme une novella, le texte s'épanouie tant dans ce recueil, qu'il doit plutôt être considéré comme un roman à part entière.

Un visage connu fait les honneurs de ce texte puisqu'on y suit le célèbre mage Peyr Romo, embarqué dans une nouvelle aventure. Appelé auprès de son amie l'abbesse Agyre pour élucider une série d'apparitions inexpliquées au sein des deux ordres religieux rivaux qui agissent dans la communauté. Il prend vite conscience de l'inimitié, voir de l'animosité qui règnent entre les moniales. Bien que toutes oeuvrent dans l'intérêt des plus démunis, elles se detestent cordialement. Or, comme si la crue ne suffisait pas, il a fallu qu'un esprit vengeur choisisse ce moment précis pour venir perturber les nonnes. Il faudra donc que Peyr use de tout son savoir et fasse preuve d'une grande patience s'il espère découvrir les causes de ce drame qui se cachent derrière cette apparition et l'aider ainsi à trouver le repos. Pour autant, est ce que les soeurs sont réellement prêtes à l'aider dans sa quête de réponses ? Rien n'est moins sûr !

Dans Les eaux de sous le monde, on a le plaisir de renouer avec la figure du mage Peyr Romo. Découvert dans Dévoreur, Stefan Platteau nous donne une nouvelle occasion d'approfondir ce personnage en explorant ses forces et ses failles car il semblerait que son dernier affrontement ne l'ait pas laissé tout à fait indemne.

Mieux encore, ce récit nous plonge dans un entrelacement d'intrigues, tissées de mensonges de non-dits et d'omissions bien arrangeantes. L'auteur a allègrement émaillé son texte de trahisons et de manipulations pimentant ainsi grandement la lecture.

Les eaux de sous le monde dégage la même oppression que Dévoreur, à travers ce danger latent qui enfle progressivement. L'auteur explore une nouvelle fois la complexité de l'âme humaine, à travers le poids des secrets et du passé lorsqu'ils resurgissent de manière impromptue dans le présent. Il va s'intéresser aux influences que cela va avoir sur la communauté car les conséquences de ces actions passées vont peser sur tout le monde.

Comme chaque oeuvre de cet auteur, il y a une dimension sociale et sociétale très prégnante. Il y a une vraie sagesse chez Stefan Platteau qui porte des textes aussi prenants que puissants.

Avec Les Embrasés, Stefan Platteau m'a offert un intermède bienvenu pour patienter tranquillement jusqu'à la sortie du tome 5 des Sentiers des Astres.

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