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Critique de Moosbrugger


(lu pour la première fois il y a 1 an)

Karl Polanyi est un historien de l'économie et économiste socialiste hongrois. Son essai, écrit en 1944, concerne les questions suivantes, accessibles à la curiosité de tout le monde :

- La logique du profit (propre au libéralisme) se retrouve t-elle dans d'autres civilisations ou d'autres cultures ? Est-elle naturelle ?

- Comment le jeu du commerce et de la finance a contribué à maintenir cents ans de paix relative en Europe avant 1914 ?

- Quels ont été les effets du libre marché et de l'interventionnisme au commencement de l'ère industriel ?

- A quel moment le libéralisme pur (sans régulations) a réellement existé ? Quels en ont été les effets ? Comment ce libéralisme pur a-t-il pris fin dans les années 30 ?

- Quel peut être l'effet d'une prestation sociale aveuglement distribuée. (exemple de Speenhamland)

- Comment a-t-on réagit à la découverte de la « société », c'est-à-dire à l'existence d'un large groupe d'individus reliés par un ensemble de contrats et négociants des marchandises ? quels sont les événements qui ont permis aux Smith, Malthus, Ricardo, Bentham et cie de soupçonner les règles économiques ? Quelles ont été les premières mesures de « l'économie politique » ?

- Que signifie un libéralisme pur concernant la terre, le travail, la monnaie ? Comment s'exerce le protectionnisme sur ces mêmes éléments ? Pourquoi les conditions de marché libre ont-elles sans cesse été détruites au cours de l'histoire?

- Comment l'abandon de l'étalon-or dans les années 30 a été l'une des causes de la seconde guerre mondiale.

Le livre est centré autour de l'idée d'économie socialisée et désocialisée. Une économie désocialisée, c'est une économie auto-régulée et indépendante des fonctions politiques qui règle d'elle-même le devenir de la terre, du travail, de la monnaie.

Il se concentre sur des moments historiques où l'on s'est interrogé sur l'émergence de quelque chose de nouveau: il relate la manière dont on a compris, par exemple, que l'existence des pauvres n'était pas antinomique d'une société riche.

Polanyi ne juge pas, il analyse en historien. Il ne prend pas partie à droite ou à gauche, même si son analyse est impitoyable pour le mythe du marché autorégulateur. Ses griefs les plus édifiants concernent surtout les populismes manipulateurs. Il s'agit d'un travail mené en dehors du carcan marxiste, qui ne traite des éléments ni d'un oeil totalement économique, ni totalement politique. Dans la fin de son essai, il propose une vision éclairante de la monté du fascisme, qui se serait hissé au pouvoir non pas principalement par la prolifération momentanée d'une idéologie particulière, mais bien plutôt sur des opportunités crées par des difficultés dans le système de marché.

La lecture de ce livre ne nécessite pas de bagage économique important. Au contraire, il présente une manière didactique de la saisir, en remontant aux questions de ses fondateurs. Il permet par exemple de comprendre, par la richesse de ses exemples historiques, pourquoi les économistes, hormis raisons politiques, ne sont jamais d'accord sur rien, et semblent constamment dire une chose et son contraire.
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