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Critique de Nicolas9


Alejandro Lozada est un jeune écrivain heureux à qui tout semble sourire. Il s'apprête à se marier avec Laura, son amour d'enfance et ses livres se vendent bien. Nous sommes en automne 2001, quelques semaines après les attaques terroristes sur New York. C'est donc à reculons que l'intellectuel madrilène monte dans l'avion qui doit l'emmener à Chicago où il doit donner une conférence déjà prévue avant la destruction des tours jumelles.

Malgré un nombre de passagers réduit, il se retrouve assis à côté d'Elena Salvador, une trentenaire passionnée par ses romans. Après avoir parlé littérature durant un long moment, la jeune Valencienne finit par s'endormir aux côtés d'Alejandro qui en profite pour reluquer cette beauté ingénue.

Au moment d'arriver sur le sol étasunien, ils prennent rapidement congé l'un de l'autre. En effet, Elena doit encore poursuivre son vol jusqu'à Vancouver où l'attend son amant canadien de fraîche date.

Lozada, quant à lui, compte bien tirer parti de son séjour dans la ville d'al Capone pour trouver l'inspiration de sa prochaine fiction. Il passe donc son temps libre à déambuler dans les rues de l'ex-cité du crime et va jusqu'à courir le risque de se faire braquer par des petits voyous.

Lorsqu'il peut enfin donner sa conférence devant un public clairsemé étant donné les circonstances sécuritaires, il éprouve un mélange d'ennui et de soulagement. Ses paroles ne semblent pas rencontrer un écho énorme, mais simultanément il se réjouit déjà de retrouver les bras de Laura dans leur cocon de la capitale ibérique.

Au moment de quitter l'amphithéâtre, il est abordé par un solide quinqua dont l'allure plébéienne contraste avec le cadre policé de la faculté. Après s'être brièvement présenté, Tom Chambers lui offre un numéro en parfait état de la revue Playboy de décembre 1956. Comme il ne daigne pas le feuilleter, Chambers le fait pour lui et c'est alors qu'il comprend : l'Américain est un collectionneur maniaque de tout ce qui concerne de près ou de loin Fanny Riffel, une starlette des années 1950.

Décontenancé, l'Espagnol se souvient alors que le premier texte qu'il avait publié en anglais appartenait à une série d'articles sur la gloire éphémère des plus belles femmes du XXe siècle. Au début des années 1990, il avait même reçu une lettre de remerciement d'Hugh Hefner en personne, le fondateur de Playboy !

C'est alors que, de but en blanc, Tom lui propose un marché : « Je vous fournis le témoignage audio de Fanny Riffel qui m'a raconté sur plusieurs années toute la tragédie de sa vie de son enfance à la vieillesse. En échange, vous acceptez d'en faire un livre qui sera traduit en anglais et publié des deux côtés de l'Atlantique. »

Alejandro finit par accepter, pressé de rejoindre l'aéroport. Contre toute attente, c'est là qu'il retombe sur une Elena Salvador complètement déprimée qui est sur le point de prendre le même vol : son amant n'a pas voulu la revoir...

J'ai bien tenté d'amorcer ce compte-rendu de la manière la plus succincte possible, mais ce laïus n'est finalement que le reflet du dédale que constitue cette longue trame axée sur la culpabilité de citoyens qu'apparemment rien ne prédisposait à faire le mal et le glissement vers la folie de leur victime.

Un roman complexe, âpre et avec quelques longueurs, mais fort bien documenté ; une marque de fabrique chez de Prada. Une intrigue parfois gênante, puisqu'elle tend au lecteur un miroir déformant : et si je m'étais retrouvé avec la même emprise sur des souffre-douleur potentiels, aurais-je agi différemment ? Qu'est-ce qui sépare une personne saine d'esprit de son alter égo considéré comme dément ?

La limite est souvent ténue et on ressort de cette lecture avec l'impression que les circonstances d'une rencontre sont presque aussi importantes que les caractéristiques psychosociales de ses protagonistes. de quoi ruminer encore plusieurs jours après avoir lu la dernière page.
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