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Critique de martinouche


Ecrite par François Puget, éditée par Locus Solus, cette monographie érudite sur un moment particulier des débuts de la plaisance en France nous raconte une double histoire.
Celle de voiliers de plaisance en fer à Nantes, au moment où s'y construisaient et armaient par douzaines les derniers grands voiliers français de charge au long cours ; un vrai point d'orgue avant la disparition de la voile marchande, tuée par la guerre, la vapeur, et les coûts salariaux.
Armateurs, architectes, ingénieurs, compagnons des chantiers se passionnaient pour les innovations permises par le progrès des techniques de construction métallique. Ils les ont mises au service d'une pratique sportive nouvelle, régater à la voile, née dans les clubs d'aviron, alimentée par l'influence britannique et la pratique des régates en Seine, de Meulan au Havre.
L'auteur marque l'influence de l'innovation apportée d'Amérique dans le dessin des yachts, après l'événement de la venue de la goélette America. Ont suivi les dériveurs à fond plat, les catboats, les lignes opposées à la tradition anglaise « tête de morue et queue de maquereau », avec le maitre bau reporté très en arrière, les avants pincés, les tableaux larges et les formes très porteuses. L'histoire de la plaisance est alors marquée par la lutte de la tradition anglaise et ses dictats de jauge pour contrer les ruptures de performance nées de l'innovation.
On en revivra un épisode à partir de la victoire de Pen Duick II dans l'Ostar, quand déplacement léger, contreplaqué et bouchain vif ont montré qu'ils n'étaient pas réservés aux sharpies et qu'ils pouvaient l'emporter en traversée sur le classique bordé bois lesté en formes.
Une innovation de l'époque s'est marquée trop précoce : la construction en aluminium, quand les ravages de la corrosion galvanique étaient encore mal mesurés, qui ont détruit des coques en deux ou trois ans.
En parallèle à l'histoire de la technique, conception, matériaux, construction, l'auteur nous raconte et illustre celle des compétitions, à partir d'articles de presse de l'époque et diverses archives, de clubs ou de familles. le détail des palmarès a peu d'intérêt, sinon celui d'informer sur les loisirs d'une classe d'entrepreneurs locaux.
Les images sont splendides, des bonheurs de photographes, des lignes de tonture, des courbes de voilure, des mouvements, des ciels, des lumières dont on comprend combien Caillebotte, Boudin, Monet ont pu s'en éprendre.
Un regret, celui de ne rien lire, dans ce beau travail de recherche, d'écriture et d'édition, sur les hommes qui manoeuvraient ces bateaux ; le plus souvent marins professionnels de père en fils au service d'un patron, issus de familles de la côte bretonne, ils auraient mérité un éclairage sur leur histoire et la pratique de leur métier.
Trois bateaux ont échappé à la destruction, dont Viviane, devenue objet muséographique à Douarnenez. Quand on la voit, on ne peut s'empêcher de rêver la voir reprendre vie et courir sous voiles en Baie.

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