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Critique de JeffreyLeePierre


Avis très mitigé sur ce livre multi-encensé ici-bas, et je vais en profiter pour commencer par un coup de gueule :

Y en a marre de ces polars qui croient utiles d'épaissir la psychologie de leurs enquêteurs en les dotant de blessures internes ressassées à longueur de pages !

(Attention, à celles et ceux qui lisent ce genre de romans justement pour ça : je vais divulgâcher sans remords).

Là, on a un florilège qui en devient grotesque. On part sur un duo d'enquêtrices.
Ma première vit mal son divorce et encore plus mal d'avoir vu sa carrière ruinée pour avoir refusé les avances du préfet prédateur sexuel (ou le sous-préfet, je ne sais plus).
Ma seconde ne se remet pas de la perte de sa fillette cancéreuse (on compatit forcément) et traîne une bavure commise sous l'emprise de ce drame.
Mon troisième en fait un duo dysfonctionnel qui s'affronte à fleuret moucheté par fiertés respectives de vouloir masquer ces douleurs intimes.
Mon tout fait trop de pages inutiles et convenues.

J'arrête ? Non, ce serait bête de passer la suite sous silence.
Il y a un vieil inspecteur en phase terminale de son cancer à lui, mais encore hanté par les cold cases qui sont le substrat de l'intrigue. Et d'ailleurs il a tellement somatisé que c'est certainement ça qui le tue à petit feu.
Un commissaire qui ne supportera pas le meurtre de trop, qu'il aurait dû empêcher puisqu'il enquêtait sur l'enlèvement préalable, et qui s'en ouvre les veines dans sa baignoire.

Et ça en fait des caisses pour nous égrener tout ça avec suspense, au fil des petits chapitres intercalés, comme autant de petites intrigues mineures…

Et c'est bien dommage, parce que raccourci de cette pénible moitié, le polar serait excellent.

On découvre la civilisation nuragique qui occupait la Sardaigne à l'âge du bronze, ses croyances, ses rites et comment ils survivent aujourd'hui. À la fois dans le folklore des villages ; à travers des ahuris sectaires new age, mâtinés de puissants de l'élite locale qui s'y dévoient ; et enfin, mes préférés, au sein d'un clan familial perdu dans l'arrière-pays qui perpétue ces croyances. Bon, c'est la ficelle un peu grosse des ethno-polars, le coup des barbaries antiques qui se transmettent de génération en génération depuis quatre mille ans, mais moi, je marche, c'est ce que j'y aime.

Ces divers ingrédients sont toutouillés et malaxés avec adresse et le suspense est maîtrisé (malgré sa dilution dans la psychologie de bazar dénoncée plus haut). On en profite pour aborder le fonctionnement de l'île : pas de mafia, mais une coterie locale qui monopolise quand même le pouvoir et l'argent. On dévore la fin et on est surpris du dénouement.

Ce qui fait que, réduit de moitié, on aurait eu un livre remarquable.
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