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Critique de Christophe_bj


En mai 1990, le cadavre d'une jeune femme est retrouvé dans un sac en plastique au bord du canal Baili à une trentaine de kilomètres du centre de Shangaï. L'inspecteur Yu étant de permanence, c'est l'« équipe spéciale » qui va se saisir de l'affaire, avec à sa tête l'inspecteur principal Chen Cao, trente-cinq ans, qui est aussi un poète publié et reconnu. La victime, Guan Hongying, était une « travailleuse modèle de la nation » : l'affaire est donc très sensible. L'enquête se déroule avec pour arrière-plan les réformes économiques de Deng Xiaoping, qui n'empêchent pas le Parti d'être tout-puissant, même si son intérêt, objectif suprême, est parfois difficile à distinguer en ces temps de changements et tout de suite après la déflagration des événements de la place Tienanmen en 1989, ce qui peut donner lieu à des faux pas potentiellement très dangereux. le camarade Chen doit être extrêmement prudent et diplomate. ● Il y a un meurtre et une enquête de police : c'est donc un roman policier. Mais le livre vaut surtout pour l'immersion qu'il propose dans la Chine du début des années quatre-vingt-dix et dans les commencements de la cohabitation entre un Parti communiste qui reste tout-puissant et omniprésent et l'enrichissement capitaliste de quelques-uns : c'est une période de transition très intéressante. ● On découvre aussi les « ECS », « Enfants de Cadres Supérieurs » du Parti, c'est-à-dire enfants des révolutionnaires de la première heure, qui sont extrêmement privilégiés simplement à cause de leur naissance : voici le paradis communiste. Grandes demeures, voitures luxueuses, nombreux domestiques, vie « décadente » à la manière de la « bourgeoisie occidentale »… tout leur semble permis. ● Parallèlement, on se rend compte de la pudibonderie de la Chine communiste, de l'aspect conventionnel des moeurs de ses habitants, ou du moins de ce qu'ils en montrent à autrui, et aussi de l'influence moralisatrice de Confucius, souvent cité. ● Les conditions de vie de la plupart des gens sont très difficiles ; avoir un appartement même minuscule est un rare privilège ; la norme est de vivre en collectivité, d'avoir une chambre par famille dans un immeuble où tout le reste est collectif. ● On a aussi de nombreuses descriptions de plats originaux et alléchants ; les personnages sont souvent en train de manger ! ● Ceux-ci sont complexes et intéressants, en particulier le « camarade inspecteur principal », qui cite de la poésie à tout bout de champ. ● Quant à l'enquête, elle est très lente et poussive, elle manque de rythme, et, en outre, elle est très simple, quasiment sans rebondissement, on comprend tout dès le début, et cela m'a déçu, même si j'ai bien compris que ce n'était pas l'intérêt principal du roman. Je n'apprécie guère ce genre de faux roman policier.
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