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Critique de MarcelineBodier


Les lectures pour le Prix des Auteurs Inconnus se suivent et ne se ressemblent vraiment pas... Catharsis : disputatio est le premier volume d'une trilogie médiévale, qui se passe entre 1204 et 1207, à un moment où les Cathares avaient pris de l'importance dans le sud-ouest, et où l'Église catholique essayait encore de combattre « l'hérésie » à coups de joutes verbales. le roman mêle grande et petite histoire : la grande, parce qu'il met en scène des personnages qui ont réellement existé, retrace des séances de disputes entre équipes championnes de chaque camp ainsi que les ressorts de la manipulation de l'adversaire, reproduit la vie dans les cours de province et les succès des troubadours, véritables rock-stars de l'époque. Il y a d'ailleurs plusieurs véritables « cansos » qui sont reproduits. La petite histoire, parce qu'une partie des personnages est fictive, et que l'auteur imagine aussi des histoires d'amour et d'ambition.

C'est un roman historique, qui plaira aux historiens, c'est certain. Mais c'est aussi une satire politique, au sens où il passe par un sujet dépassionné (les controverses qui ont émergé il y a 800 ans autour des Cathares ne sont plus vraiment brûlantes) pour critiquer le monde contemporain. Là encore, c'est extrêmement réussi. Bien sûr, si je vous dis « une société où un groupe religieux s'écarte de la religion majoritaire, qui, elle, le diabolise et veut l'empêcher de prendre toute influence » : on peut facilement trouver des résonances contemporaines. Mais cela va plus loin. Il s'agit aussi des liens qu'entretiennent les groupes concernés avec ceux qui incarnent le pouvoir de l'argent. C'est là que les personnages fictifs trouvent tout leur sens, d'ailleurs : ils permettent à l'auteur de mettre en scène un monde bien plus complet, réaliste et dans lequel nous pouvons nous reconnaître indirectement, que s'il s'en était tenu aux seuls religieux.

Tout cela m'a impressionnée, et j'aurais adoré avoir un coup de coeur. Mais il m'a manqué de l'émotion. Non pas qu'il n'y en ait pas : je guettais les passages où reviendraient Poncia et Bernat, Bertrand, Adalays. Mais l'ADN du livre, ce n'est pas ça : c'est la reconstitution historique, c'est la satire politique. Alors si vous ne me ressemblez pas, que vous redoutez les livres qui cherchent à vous tirer des larmes, et que vous attendez au contraire qu'ils offrent un cadre intellectuel solide, sérieux et à partir duquel projeter et décentrer nos maux contemporains pour mieux nous faire ressentir leur logique et leur vanité, alors précipitez-vous. Ce roman vous enthousiasmera.
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