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Critique de Woland


The Clue in The Diary
Adaptation française : Anne Joba
Illustrations : Albert Chazelle

ISBN : Inusité à l'époque

Livre très important dans la série puisque Mildred Wirt Benson y fait se rencontrer pour la première fois Alice et celui qui deviendra son boy-friend, Ned Nickerson, l'un des rares personnages américains à avoir conservé son nom originel dans la version française. Celle parue chez Hachette en 1962 est d'ailleurs une édition déjà abrégée par rapport à l'édition originale, parue chez Grosset & Dunlap, à New-York, en 1932. Nouveau tripatouillage dans les rééditions de notre époque où tous les passages incluant Ned et Alice sont réécrits de manière à faire croire qu'ils se connaissent peut-être pas depuis l'enfance, mais presque. Donc, un conseil : ou bien vous vous procurez l'original (ancien si possible) en anglais, ou bien vous vous en tenez à la version Hachette des années soixante qui, en dépit de ses "coupures" demeure relativement fidèle à son modèle. A moins que vous n'ayez la chance de tomber sur un exemplaire français Hachette intégralement couvert de toile verte et qui, lui, présente le texte intégral.

Selon l'ordre de parution américain, "Alice et le Carnet Vert" reste cependant le septième volume de la série. Alice fait la connaissance de Ned dans des circonstances un peu bizarres : stoppée par l'incendie d'une maison alors qu'elle rentre sur River City en compagnie de Bess et Marion, la fille de James Roy, lorsqu'elle veut quitter les lieux, aperçoit un jeune homme déjà au volant de son cabriolet et qui, comme il l'explique à une Alice tout d'abord méfiante, cherchait simplement à retirer la voiture d'une zone qui devenait dangereuse, l'incendie progressant à toutes flammes, poussé par un vent violent. Vous vous en doutez, Ned va tout faire pour revoir Alice et il deviendra très vite l'un des personnages récurrents de la série. Comme le veut l'époque, leurs relations restent très chastes. Les Japonais devraient songer à nous en donner une version "manga", tiens : je suis sûre que ça nous étonnerait sans, pour autant, tomber dans le vulgaire ...

Dans cette enquête qui commence par l'incendie de cette superbe maison, propriété d'un revendeur de brevets créés par les autres, Felix Raibolt, surnommé "Felix le Renard", le hasard veut qu'Alice croise un homme, grand, blond, au visage plutôt émacié et pour le moins inquiet, qui semble ni plus ni moins s'enfuir. Immédiatement, elle pense se trouver en face du pyromane mais le reste du livre va nous prouver le contraire. Alice découvre aussi sur le terrain un petit carnet à la jaquette verte et rempli de notes dont l'essentiel sont en suédois.

Or il se trouve, par le plus grand des hasards, qu'Alice et ses amies cherchent à venir en aide à Mrs Doll et à sa fille, une enfant charmante surnommée "Douce" - n'est-ce point tout dire ? - dont le père, qui créait des inventions et cherchait à vendre ses brevets avait justement rendez-vous avec Raibolt le soir de l'incendie. Ou quelque chose d'approchant. En tous cas, les deux hommes se connaissaient et il paraît bien que, fidèle à sa stratégie de fripouille ayant pignon sur rue, Mr Raibolt (dont on a perdu la trace entretemps, le même jour que l'incendie), avait bel et bien acheté l'un des brevets de Mr Doll - lequel, soulignons-le, a américanisé son nom car il est en fait d'origine suédoise - mais pour une poignée de sapèques - et encore ...

Au fur et à mesure que progresse le récit, tout accable de plus en plus le malheureux Doll qui se fait même arrêter pour la disparition de Raibolt. Mais, soutenu par son équipe habituelle, à laquelle nous pouvons désormais ajouter Ned Nickerson, Alice Roy / Nancy Drew veille au grain ...

Le lecteur de romans policiers averti s'étonnera sans doute que, bien qu'aucun cadavre n'ait été retrouvé dans les décombres, la police de River City estime dès le départ que Raibolt a achevé sa vie en fumée. Mais nous sommes dans la littérature pour la jeunesse et ce genre de détails n'est pas ici ce qui prime, au contraire de la personnalité de l'héroïne, de la bienveillance protectrice de son père (James Roy est un "pilier" sur lequel on peut compter et qui, de par sa profession, c'est très important, représente la Loi), des différences amusantes existant entre la brune Marion, le "garçon manqué" de la bande et sa cousine, Bess, blonde et plutôt potelée, toujours prête à s'évanouir à la vue du moindre bout de patte d'une araignée morte, de cette nouvelle pièce de l'échiquier, brune, jeune et séduisante, étudiant et de bonne famille, qui vient d'apparaître sous les traits de Ned Nickerson, victime de ce que l'on appelle encore de nos jours "le coup de foudre", de l'incontournable Sarah qui participe à cette enquête en permettant à Alice de faire traduire le fameux carnet par leur boulanger, un immigré suédois, de la véritable mégère que symbolise l'horrible Mrs Raibolt, qui joue encore à la veuve en grand deuil alors qu'on vient de retrouver son mari, bref, de toute cette ambiance si chaude, si rangée, si structurée où l'Aventure - on l'espère bien - va débouler comme un chien dans un jeu de bowling et autoriser une intrigue palpitante qui, une fois résolue, permettra de remettre les quilles en place pour le prochain strike.

A lire et à relire, bien sûr. Et à faire lire ! Ou alors, vous avez perdu toute l'enfance de votre coeur et c'est bien triste. ;o)
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