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Critique de clude_stas


Quino est incontournable dans la bibliothèque d'un amateur de bande dessinée. Dire qu'il est un maître le ferait très probablement hurler de rire tant cet Argentin a su résister aux sirènes de la notoriété. de son vrai nom Joaquín Salvador Lavado Tejón, Quino est né en 1932 à Mendoza. Il est surtout mondialement célèbre pour avoir scénarisé et dessiné les états d'âme de Mafalda.
Mafalda est une petit fille presque monstrueuse, tant elle est lucide sur l'hypocrisie, les bassesses et la veulerie des adultes qui l'entourent. Elle est entourée d'une galerie de personnages secondaires, tout aussi attachants, même s'ils sont très caricaturaux (Manolito encourage le consumérisme à tout crin ; Susanita jette aux orties toute forme de féminisme, etc.) L'adaptation sous forme de dessin animé a renforcé la popularité de l'enfant terrible, altermondialiste avant la lettre.
Mais ce que le grand public, bien souvent, ignore, c'est que Quino a également produit tout un oeuvre de dessinateur d'humour. Ce qui est, à mon sens, tout simplement injuste et donc les recueils publiés par les éditions Glénat viennent bien à propos combler en partie cette méconnaissance. Dans « Laissez-moi imaginer », Quino, comme à son habitude dans ce type de dessin, oscille entre poésie et humour noir. A certains moments, il est même proche de Hakim Bey, théoricien de « l'art du chaos » et qui définissait l'art comme du terrorisme poétique. J'ai toujours ressenti Quino comme étant subversif, ce qui est une qualité pour moi. Par ses dessins humoristiques, il instille, il inocule, il infiltre dans l'esprit du lecteur (et au-delà, dans l'opinion publique) une saine réflexion sur divers aspects/travers de la société moderne occidentale. Il s'attaque aux tabous fondamentaux, non pas frontalement, et prouve qu'il est encore possible d'échapper à la pensée unique, au politiquement correct, à la répression des ultras quels qu'ils soient. Sans avoir de ligne politique bien définie, remettant en cause presque toutes les formes d'autorité, Quino reste en permanence clairvoyant, tout en ne se berçant pas d'illusions sur le « pouvoir » de ses petits comics trips. Il dénonce les abus de la religion, des sectes, des politiciens, des grands patrons, du consumérisme, des apparences, de la mode, de la psychanalyse, de l'incommunicabilité, de l'uniformisation. Quino est, en fait, un anarchiste ontologique qui, par le biais de la satire, met en évidence la vraie perte du monde : celui-ci est en train de devenir le même pour tous les peuples.
Oui, Quino est un maître. Un maître de l'humour. Mais toujours sans méchanceté. Seulement avec beaucoup de poésie.
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