AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de argali


Dark room, c'est la chambre noire de Nestor, le père de Lila. Celle où il a développé les photos qu'il prenait de sa famille, de son pays l'Argentine, de l'Alabama et des événements qui ont marqué ceux-ci. A partir de ces instantanés, Lila Quintero Weaver relate ses souvenirs d'enfance et d'adolescence : l'arrivée dans un pays différent, la découverte d'une autre langue et d'autres modes de vie, le regard des gens, et cette habitude, nouvelle pour elle, de classer les hommes selon leur couleur de peau. Se pose alors, pour cette petite fille et ses frère et soeurs la question de l'appartenance à une communauté. Ils ne sont pas noirs mais ne se sentent pas blancs. Comment se définir alors ?
Chacun s'acclimatera plus ou moins bien à la situation, avec sa personnalité, son caractère et les aléas de la vie. Lissy, sa grande soeur n'aura de cesse de s'intégrer et de vouloir ressembler à cette Amérique où elle est née et à laquelle elle s'identifie, leurs parents, bien qu'intellectuels, refuseront ce qu'ils considèrent comme dangereux (la télévision, la nourriture américaine…), même la langue anglaise sera vue comme un obstacle à un retour en Argentine et ils ne la parleront jamais avec leurs enfants. Au point que Lila en aura honte. Lila qui cherchera longtemps sa place dans une société ségrégationniste qu'elle refuse mais où changer les mentalités n'est pas aisé, qu'elles soient blanches ou noires.
Ce roman graphique est une plongée dans l'Histoire de l'Alabama de 1961 à 1971 à travers celle d'une famille immigrée. La petite et la grande histoire se mêlent subtilement pour nous dresser le portrait d'une époque et celui de Lila qui se construira à travers elle. Son point de vue d'enfant doublé du recul de l'adulte, quelques années plus tard, donne profondeur et force au récit. le propos n'est pas de nous compter la ségrégation par le menu, mais de nous la faire comprendre à travers plusieurs faits marquants. Un récit bouleversant et original à la fois.
Les dessins figuratifs réalisés au crayon noir sont superbes ; noirs et blancs comme le peuple américain. Ils enrichissent le propos par leur ligne pure allant à l'essentiel.
Chez le même éditeur, j'avais déjà beaucoup apprécié « Les lumières de Tyr ». Ce roman confirme que Steinkis sait choisir ses scénarios et ses illustrateurs.
Un récit remarquable et d'une grande qualité esthétique à conseiller à tous et surtout aux jeunes afin qu'ils découvrent cet épisode de l'Histoire.

Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}