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Critique de yannlerazer


L'exposition que la Réunion des Musées nationaux présente au Musée du Luxembourg, consacrée à Joséphine Bonaparte, est le premier hommage parisien jamais rendu à la première épouse de l'empereur Napoléon. Coïncidence : c'est entre la prison des Carmes (aujourd'hui le séminaire éponyme de la rue de Vaugirard) où elle fut gardée captive avec Alexandre de Beauharnais, en pleine Terreur, et le petit Palais du Luxembourg où elle résidera dès que Napoléon Bonaparte deviendra Premier consul, que l'exposition se tient.

C'est un tableau de le Masurier, Gens de couleur libres dans un intérieur à la Martinique (1775), qui plante le décor natal et familial de la future souveraine. Elle gardera de son île le goût des belles choses, des étoffes et des couleurs choisies, ce dont témoigne l'ensemble des objets ayant appartenu à Joséphine, exposés ici, grâce à des prêts souvent exceptionnels. « Les arts et la botanique seront mes occupations », déclare-t-elle en 1810. Elle n'aura pas attendu cette date tardive pour influer sur les styles de son époque, et pour collectionner les oeuvres.

Ses écrins sont la maison de la rue de la Victoire et surtout le château de Malmaison, qui lui appartiennent. C'est le grand tableau de Pierre-Paul Prud'hon, Portrait de l'impératrice Joséphine dans le parc de Malmaison (1805 – 1809), qui, disent ses contemporains, la représente le mieux : élégante. Sa robe de cour, conservée par le prince Napoléon jusqu'en 1979, en est l'illustration. Si peu de ses bijoux sont présentés dans la vitrine de l'exposition, les souveraines de Suède et de Norvège portent régulièrement des parures ayant appartenu à Joséphine.

Car c'est bien le paradoxe cruel de l'impératrice : elle est l'aïeule de cinq maisons européennes encore régnantes, grâce à ses deux enfants issus de son mariage avec Alexandre de Beauharnais, et l'on pense que c'est son emprisonnement aux Carmes, créant un traumatisme chez elle, qui provoquera une ménopause précoce qui contribuera à son divorce en 1809. le portefeuille en maroquin rouge contenant l'annulation canonique du mariage du couple est un objet poignant.

Deux cents ans après sa mort – c'est si proche, finalement – la femme exceptionnelle que fut Joséphine Bonaparte n'a pas à rougir de sa vie et de son goût. Les collections présentées ici l'attestent. On quitte l'exposition en ayant la sensation qu'elle fut bien l'impératrice de tous les Français.

Paru dans Blake n°63
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