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Critique de Slava


Vivaldi (non pas le compositeur des quatre saisons) est un jeune noble italien qui tombe amoureux d'une magnifique jeune femme nommée Elena Rosalba "des traits d'une beauté grecque". Sauf que voilà, elle vit recluse chez elle, gardée par une tante. Il décide donc de la voir chaque soir et va même lui chanter une bonne vieille sérénade. Donc là, un début digne d'un Harlequin où autre roman d'amour.
Mais les parents de Vivaldi et surtout la mère de celui-ci ne sont pas du tout d'accord, n'appréciant pas qu'il s'amourache d'une femme à la condition sociale plus inférieur à la leur. Donc maman va voir son confesseur Schedoni pour se plaindre de la situation. Confesseur qui fait froid dans le dos tant d'une apparence physique maladive "il était fort maigre et de grande taille" et d'une sévère rigueur. Lui aussi est du même avis que la mère et tous deux décident de comploter... C'est ainsi que Vivaldi et Elena (oui parce que entre-temps, il est parvenu à lui déclarer son amour et qu'elle a accepté sa faveur voilà) vont être séparés par d'incroyables péripéties et vont faire face à des obstacles épouvantables pour se revoir...
Ici on tient un roman spécial puisqu'il s'agit d'une oeuvre de la grande Ann Radcliff, considérée comme une des mères du roman gothique mais aussi ancêtre du genre thriller et suspense, ce qui n'est pas rien. Alors le verdict ?
Pour commencer, on va dire le gros point noir : le début . Argh. Comme je l'ai fait remarqué dans le résumé, c'est d'une mièvrerie absolue... Une romance fade, avec les topos (la sérénade par exemple) et avec la présentation de deux personnages principaux stéréotypés : le chevaleresque amant noble et la pure et naïve jeune fille. Bon certes, cela vient surtout au genre sensible dont le XVIIIeme siècle raffolait (amour malheureux, filles qui pleurent, ton pathétique...) mais qui en est risible. C'est pas le pire incipit que j'ai vu mais il frôle un peu.
Ce n'est que lorsque le fameux confesseur que le récit bouge enfin et devient plus vivant. Schedoni est un personnage très remarquable, campé d'une main de maître, qui dépasse le type du moine mauvais en vogue dans les romans gothique et totalement cliché (il faudra attendre le Moine pour qu'on ait vraiment un héros cassant complètement ce stéréotype). Si dans la première partie de l'histoire, il est d'une méchanceté abominable, la seconde partie nous surprend beaucoup, montrant un coté humains inattendue. D'autre part, son "soutient" avec la marquise est assez ambigue...
Parlons des protagonistes ! Comme je l'ai dit, Elena et Vivaldi sont sympathique mais la personnalité typique des romans sensibles et donc un peu classiques. La marquise est une mère hautaine et arrogante qui aurait pu faire une bonne 'marâtre" si Vivaldi était son beau-fils que son fils véritable, mais pas vraiment développée. Nous faisons aussi connaissance avec Soeur Olivia, une femme au coeur d'or venant en aide à Elena, et dont la véritable identité est un grand rebondissement dans l'histoire.
Etant donné que c'est un roman gothique, on a droit aux poncifs du genre : forêts ténébreuses, des ruines mystérieuses et sombres, des couloirs secrets mais surtout les indispensables couvents et souterrains horrifiques et remplis d'affreux souvenirs. En effet, on fera la visite d'un couvent pas vraiment idéal et dirigé par une abbesse sans pitié (cela me rappelle que dans le Moine, on a aussi droit à ce cliché...) qui n'hésite pas à punir cruellement les réfractaires. Et je ne parle pas de l'Inquisition (oui l'Inquisition qui se mêle dans tout ça !) avec ses cachots épouvantables, les juges froids et implacables et la salle de torture, chose qui n'étaient hélas pas fictive et qui avaient vraiment eu lieu...
Et là intervient la qualité de Radcliff : on a certes droit à du fantastique mais 'du fantastique expliqué," en effet la spécialité originale de madame est de révéler à la fin que les manifestations surnaturelles ne le sont pas, et d'autant plus que la manoeuvre est réussie.
L'écriture est très jolie, expressive, avec ce charme du XVIIIeme siècle d'employer les litotes pour atténuer les passages les plus durs.
En revanche, j'ai trouvé la fin un peu vite envoyé, comme si l'auteur voulait vite achever l'histoire et conclure d'un rapide happy end.
En conclusion, un bon roman d'Ann Radcliff malgré quelques défauts. Il est bien de lire une oeuvre d'une des ancêtres du fantastique mais aussi du thriller, et correspondant au chef d'oeuvre du gothique.
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