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Critique de Tandarica


Turlupinades et entourloupes, pour moi. Pregătiţi cazanele cu smoală ! [Préparez les chaudrons de poix !]. Malgré la couverture papier cadeau aux allures disco, la lecture de ce livre n'est pas une sinécure. le titre, ainsi que les premières pages, me promettaient des plaisirs similaires à ceux procurés par la lecture de «La Vie de Lazarillo de Tormès». D'ailleurs, «Le canard enchaîné» du 30/4/2013 titrait en ce sens «les tribulations d'une tomate roumaine». David Fontaine, auteur de cet article a, par le choix de la caricature signée Pancho, renvoyé à la synecdoque de la langue roumaine, pour laquelle la tomate se dit tout simplement «une rouge». Il évoque également le début du chapitre cinq intitulé «MTV» : «[...] les rêveries du petit Ilie malade à la campagne lui permettent d'apercevoir, dans les fentes des montants du lit, des scènes de son avenir, comme par l'effet d'une mémoire anticipatrice. Comme si tout était écrit d'avance, à l'instar du dessin sur l'aile de papillon qui représente le monde dans la trilogie «Orbitor» de Mircea Cărtărescu, grand romancier roumain et devancier de l'auteur». Je me demande pourtant s'il ne s'agit pas plutôt d'une parodie. L'auteur annonce un roman picaresque, genre qui décrit généralement les aventures d'un personnage nommé picaro souvent depuis son enfance et jusqu'à un point d'équilibre dans sa vie, le picaro étant un personnage ambigu, relativement sympathique, mais souvent peu scrupuleux, à la recherche de la réussite sociale, au besoin par le vol, l'escroquerie ou tout autre moyen peu légal, à l'exclusion du crime. Ainsi «La Vie de Lazarillo de Tormès» commence par un premier chapitre dont le titre est «Lazare conte sa vie et quels furent ses parents» et dont les premières lignes sont : «Or, monsieur, sachez avant toute chose qu'on me nomme Lazare de Tormès, fils de Thomas Gonzalès et d'Antoinette Pérès, natifs de Téjarès, village voisin de Salamanque. Je naquis dans la rivière De Tormès, en raison de quoi me fut imposé ce surnom». le parallèle est évident et confirmé à la page 128, mais aussi indulgents que nous puissions être à l'égard du traducteur, des éclaircissements s'imposent. Pourquoi, si Ilie reste Ilie, fallait-il que Georgeta la mère devienne Georgette ? Les explications sur le patronyme Cazane ne sont fournies qu'à la page 90 : «le mot roumain cazan (plur. cazane) désigne notamment une espèce de faitout ». le « notamment » laisse clairement entrevoir qu'il y aurait une polysémie du mot, qui désigne en effet également le chaudron, la chaudière à vapeur, l'alambic, et même les gorges des Cazanes (sur le cours du Danube, cf. p. 28). Page 11 déjà l'histoire familiale se situe sous le signe d'une «marmite de potée», ensuite le personnage Ilie travaille : «j'ai pris en charge l'installation thermique du bâtiment». Quid pour le lecteur français de cet humour de langage ? Lors de l'interrogatoire, on peut lire : « je dois te tirer les mots de la bouche avec des pinces » alors que l'expression idiomatique « tirer les vers du nez » pour un faiseur de miracles en matière de tomates semble plus appropriée. J'arrêterai en faisant remarquer que la voiture du colonel est désignée comme une «Podebă noire» alors qu'il s'agirait plutôt d'une Pobieda, qui fut la première voiture d'après-guerre du constructeur automobile russe GAZ. Son nom signifie «victoire». Une note en ce sens aurait obligé le lecteur français. On peut certes faire rire avec les crimes du communisme, voire avec sa stupidité, mais ici le ton demeure pince-sans-rire. Sinon, page 163, vous pouvez apprendre à faire un café turc. La sempiternelle « ţuică » (lisez eau de vie) ne sera servie qu'à la page 221. Si à la fin « on n'entendit aucun bruit » c'est peut-être parce les « machines à lancer des éclairs » supposent « une bibliothèque travaillée à bloc » (« o bibliotecă luată-n brânci ») comme dirait Valentin Leahu.
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