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Critique de ELO1313


Un très beau roman dans lequel l'intensité de l'histoire se mêle à l'émotion de la musique.

Lors des funérailles de son père, Ariane, pianiste de grand renom, décide de jouer l'Opus 77, le concerto pour violon de Chostakovitch : un choix qui peut paraître déconcertant voire choquant aux yeux de l'assemblée venue assister à l'enterrement du grand chef d'orchestre, mais qui revêt une dimension symbolique très forte.
Avec ses cinq mouvements, l'Opus 77 va servir de fil conducteur à Ariane pour dérouler l'histoire de cette famille de musiciens de talent, peu à peu détruite par la tyrannie du père, Claessens. L'orgueil et l'emprise de cet ancien pianiste reconverti en chef d'orchestre s'accroissent avec son succès, jusqu'à en devenir écrasants.
Les effets de cette évolution sont dévastateurs pour les membres de sa famille :
Tout d'abord la mère, Yaël, une cantatrice lumineuse qui s'éteint peu à peu jusqu'à sombrer dans le mutisme et la folie.
Puis David, le fils rebelle, qui dès l'enfance fait un affront à son père en choisissant le violon plutôt que le piano. D'une très grande sensibilité, ce violoniste prodige va soudainement se couper du monde en se retranchant dans un bunker. Les relations entre le père et le fils sont jalonnées par l'amour et la haine. Véritables instants de grâce, les deux scènes où les deux hommes parviennent à communiquer à travers la musique sont d'une beauté bouleversante.
Et enfin, Ariane, l'enfant modèle qui joue le rôle qu'on lui a assigné sans se plaindre, qui a suivi les pas de son père en devenant une pianiste au succès international, qui prend soin de sa famille. Mais en dépit de sa réussite éclatante, la jeune femme est très seule, cachant sa vulnérabilité et ses blessures derrière un masque de froideur, toujours dans le contrôle d'elle-même.

Dans son récit, Ariane nous emmène aussi dans les hautes sphères de la musique classique et de ses concours, où seuls quelques musiciens parviennent à sortir du lot, au prix de grands sacrifices et d'un travail acharné pour atteindre l'excellence. Elle nous fait découvrir l'envers du décor de ce monde où la compétition est impitoyable, et où « la meute » peut anéantir en un instant une carrière.
J'ai aussi été très émue par le personnage de Krikorian, le professeur arménien, et par son histoire.

Je ne suis pas une grande amatrice de musique classique, et pourtant les notes de l'Opus 77 m'ont accompagnée tout au long de ma lecture. Ce concerto est comme le roman d'Alexis Ragougneau : superbe.

Lu dans le cadre du prix des lecteurs du livre de poche 2021
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