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Critique de denfont


Les apparences sont trompeuses. le titre : c'est un roman, pas un essai sur le racisme. le style : il paraît simple, mais c'est l'effet d'un formidable travail d'épuration de l'écriture (Ramuz l'a entièrement réécrit 10 ans après sa 1ère publication). Voilà pourquoi cette histoire suisse du début du 20ème siècle touche à l'universel.
Il y a Nous (les Valaisans), sur le versant ensoleillé, mettant à profit chaque arpent de chaque étage de la raide et rude montagne, des vignes en bas jusqu'aux alpages sous le sommet. Et il y a Eux (les Bernois), de l'autre côté, sur le versant sombre : "ils parlent une autre langue, ils croient un autre Dieu. Ils sont habiles, ils sont nombreux, ils sont entreprenants". Pour une histoire d'amour et de pâturage, Firmin le Valaisan enlève la belle Frieda sur le col qui fait frontière, juste avant la première neige, et la redescend inconsciente sur une mule jusqu'au village, dans la maison où il vit avec sa mère. Un acte facilité par le vin et le machisme ambiant, mais un acte insensé, Firmin s'en rend vite compte.
Il a cependant été commis, et Ramuz nous montre comment il transforme la vie de ce village autarcique, où tout se fait sous le regard des autres.
Le seul élément étranger, outre Frieda, c'est Mathias, un colporteur qui vient de temps en temps vendre ses colifichets et rappeler que le monde existe en dehors.
L'air de rien, Ramuz nous tient en haleine, car on attend tout au long du récit les conséquences de cet enlèvement. Tout le monde espère que "ça va aller", que "c'est arrangé", mais sait aussi qu'il y aura un prix à payer. Lequel ? La balance oscille longtemps, pour notre plus grand plaisir, entre l'implacable fatalité et le pouvoir des sentiments.
Une nouvelle édition a été faite en 2020 (Editions de l'Aire, Vevey)
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