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Critique de Sachenka


Un excellent roman policier japonais, écrit par le maitre Ranpo Edogawa, qui a importé le genre dans la péninsule nippone. Son oeuvre est fortement originale, elle s'éloigne des traditions, ose. Dans La proie et l'ombre, le lecteur ne suit pas les traces d'un inspecteur de police mais plutôt ceux d'un auteur de romans policiers. Edogawa lui-même ? Assez audacieux mais le résultat fonctionne à merveille.

Le narrateur tombe éperdument amoureux de Shizuko Omayada mais leur relation demeure platonique. C'est que la jolie dame est mariée et, en plus, est fort troublée par des lettres de menace qu'elle reçoit. Un ancien prétendant, Ichiro Irata, digère mal leur vieille rupture. Shizuko ne peut se confier à son mari car ce dernier la croyait chaste et pur à leur mariage. Mais l'ancien prétendant continue à la presser, à lui faire peur, même à lui faire savoir qu'il épie chacun de ses gestes. La jolie dame tremble mais Edogawa, en lisant attentivement les lettres de menace, y découvre un style qu'il a déjà vu quelque part : c'est la manière d'écrire d'un de ses confrères, le mystérieux et reclus Shundei Oe. Est-il possible que les deux ne fassent qu'un ?

L'intrigue continue ainsi, incluant quelques rebondissements (la mort tragique du mari de Shizuko, les doutes du narrateur quant à la dame…) , jusqu'à son dénouement, qui est aussi surprenant que magistral. Edogawa manie très bien sa plume. Tout y est en subtilité, comme dans l'art japonais. Mais pas trop non plus, on est loin des fioritures inutiles. Il y a bien quelques moments attendrissant, dans lesquels Shizuko est mise de l'avant mais ils s'effacent devant la violence et la sexualité qui débordent de l'oeuvre. Par exemple, le voyeurisme qui transcende les lettres d'Ichiro, le masochisme de Shizuko… Mais, surtout, pas de longueur ! Une centaine de pages, voilà tout. On est loin de ces pavés de 500 pages que les Occidentaux se sentent obligés de pondre.
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