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Critique de fanfanouche24


Mars 2020- juste avant le " confinement " - Librairie Caractères- Issy-Les- Moulineaux / 22 juin 2023

Moment de lecture magique et intemporel !

Collection magnifique dont j'adore l'idée: un artiste, un écrivain passe une nuit dans un musée de son choix ( en France comme à l'extérieur de l'hexagone..).
Double perspective : la substance du Musée , un artiste à l'honneur, avec en parallèle, les raisons du choix du dit artiste...par l'écrivain, ses souvenirs , son appréciation intime de l'oeuvre, du peintre , et son appréhension vis à vis de l'Art , en général !

Pour Leonord de Récondo, on découvre sa passion par trois grands maîtres espagnols ,dûe à des sorties culturelles avec ses parents, eux-mêmes, tous les deux artistes : Goya, Velásquez et surtout El Greco, pour lequel, elle éprouve une totale vénération..

On saura au fur et à mesure toutes les raisons de cette dévotion: artistique et plus intime !

Elle choisit donc Tolède, le meilleur endroit pour " rencontrer" son artiste préféré...Elle débute cette nuit unique au Musée, totalement exaltée de marcher sur ses pas, d' admirer" tout à loisir ses tableaux, ses portraits....les lieux où il a vécu, oeuvré, rêvé, souffert....

Rencontre qu'elle veut en totale fusion avec cet artiste crétois, qui va fonder la célèbre École Espagnole ....après des vitages, des exils, beaucoup de difficultés...

"Doménikos ira ainsi de procès en procès, exigeant l'argent qui lui est dû et plus encore, au nom de l'idéal qu'il a de l'artiste. Son orgueil agace, l'Espagne n'a pas eu Michel-Ange ou Léonard pour prouver aux yeux de tous que la peinture n'est pas un art mineur, qu'elle a toute sa place aux côtés de l'architecture et de la rhétorique. Les peintres espagnols sont toujours soumis au pouvoir des confréries d'artisans.La notion individuelle d'artiste n'existe pas.Et la Castille, en pleine contre- réforme sous le joug de l'Inquisition, ne prêche que la pénitence et la repentance. "

Elle ne s'adressera à lui que dans une grande proximité, dans le " tutoiement " et en dialoguant avec lui, en l'appelant par son vrai prénom :" Doménikos"

Alternance du récit, entre la narration de la vie d' El Greco, de ses difficultés d'artiste très singulier, son amour inconditionnel pour son fils unique, qu'il garde près de lui, pour le " former"... et le récit au présent, de Leonord de Récondo dans le musée, au milieu des chefs d'oeuvres de son " idole " !

Un très beau texte qui m'a fait pénétrer dans l'univers de ce peintre ..
Même si toutefois, je ne ressens pas la vénération et l'admiration très exclusive de l'auteure, je regarderai désormais un tableau d' El Greco, avec un regard plus attentif et averti !

L'auteure, musicienne...parle aussi avec fièvre et passion de son art de " violoniste".Son cher violon qu'elle a emporté avec elle afin de jouer pour Doménikos...comme abolissant les siècles et le temps humain, dans cette nuit au Musée ,si exceptionnelle!
..
J'achève ce billet par un extrait où l'auteure exprime avec flamme ...toute la modernité de cet artiste précurseur...à maints égards !

"Doménikos , je t'adore, parce que tes toiles me semblaient parfaitement anachroniques quand, jeune fille, je les regardais à Madrid au Musée du Prado.Je ne comprenais pas de quelle époque tu étais.Je te trouvais bizarre, étrange, beau certes, mais sans adjectif adéquat. Je vérifiais plusieurs fois: 1600, vraiment ?
J'avais l'impression que quelqu'un s'était trompé dans l'accrochage.
Ton style ne correspondait pas à celui des autres peintres exposés.Tu aurais dû être dans la salle des Goya.Ton coup de pinceau, ton expressivité me semblaient si proches de moi dans le temps.Tes tableaux auraient dû être accrochés à côté de ceux d'Egon Schiele, mais aussi de ceux de la période bleue de Picasso. L'artiste espagnol ne s'est jamais caché de la profonde influence que tu avais eue sur son travail."




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