Comme une poussière dans la tourmente

Ce n'est jamais facile d'écrire une critique, même si l'on sait que l'auteur ne la lira pas... Louis-Clément Renault était mon père, il nous a quitté l'an passé. J'avais à sa demande édité deux petits ouvrages qu'il a écrits à partir de son journal tenu entre 1939 et... 2010 (Chronique de Chêneroux, Les chants des lendemains. le premier tome a été publié en 2008 par une "maison d'édition" peu recommandable, disparue entre-temps avec la caisse. Et comme il y avait encore des personnes intéressées par ce bouquin, je viens de le rééditer en ligne. La version originale n'était plus disponible sous forme électronique. Il m'a fallu des semaines pour reconstruire le texte. J'en ai profité pour effectuer quelques corrections techniques, pour rajouter les documents laissés de côté lors de la première édition (ce qui avait beaucoup attristé mon papa, archiviste collectionneur dans l'âme) et quelques notes pour expliquer des mots de dialecte poitevin-charentais pas forcément connus de tout le monde. Cet exercice très prenant, car réalisé au mot à mot pendant 662 pages, a eu un résultat inespéré: il m'a fait redécouvrir un livre déjà lu maintes fois et fait prendre conscience de sa qualité intrinsèque. Je veux simplement dire que ce livre me plairait autant si je ne connaissais pas l'auteur. Une surprise. C'est que l'auteur, après une jeunesse marquée par une pauvreté extrême dans un faubourg de Poitiers a du très tôt gagner sa vie alors que la 2nde guerre mondiale commençait. Il n'a pas passé beaucoup de temps à l'école à l'âge des écoliers. C'est donc un autodidacte qui écrit, sans fioriture, mais avec un style très sûr et personnel, avec un message humaniste simple et profond. Si l'on rajoute le côté document au jour le jour de la guerre à Ruffec, entre ligne de démarcation, soldats indiens, rumeurs, magouilles et combats, alors il n'y a plus aucun doute... il faut lire ce livre.
Pour les fans: il reste à publier le journal (1960-2010), des nouvelles et textes divers...