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Critique de Fleitour


Ce numéro spécial initié par Reporters sans frontières constitue peut-être le document le plus important publié cette année en 2019, "100 dessins pour la liberté de la presse".
Les mains et les bras de Sempé ont dû trembler pour atteindre le centième dessin, 100 messages de liberté que le dessinateur voulait accorder à la voix de l'ensemble de la presse.


Cette liberté il l'a décline de façon merveilleuse, miraculeuse, par des dessins à l'aquarelle souvent simplifiés jusqu'à l'extrême, je vois par exemple cette lune toute seule dans le ciel et tout en bas un petit bonhomme qui éclaire son chemin à l'avant et à l'arrière, une lumière jaune, une lumière rouge, les seules couleurs, est-ce cela la liberté ? D'être seul, ou seule, par exemple à gravir des collines merveilleuses, à goûter seule la beauté du monde.


Le monde de Sempé est tout en harmonie avec les messages des journalistes de la liberté, comme leur indépendance, leur capacité à prendre du recul, leur capacité à dire des choses simples. le numéro spécial est émaillé ainsi de multiples interventions, inspirées par des rencontres de journalistes, et de divers forums. Pour les lecteurs de la voix du Nord par exemple les médias sont des écoles, dans ses diverses dimensions.


Est-ce aussi cela la liberté de la presse qui défile dans ce numéro spécial quand bien des journaux de province ont des difficultés à vivre.
Avec un tableau graphique l'on voit simplement que la presse quotidienne année par année perd en tirages et en profits, la presse quotidienne régionale mais aussi la presse quotidienne nationale, leurs ressources publicitaires se sont effondrées, ce qui pose bien sûr le problème de la capacité de la presse à conserver son indépendance.


L'horizon de Jean-Jacques Sempé a lui, toujours de l'audace, et pour le démontrer une audace par laquelle on voit les bons chemins et les mauvaises trappes. Je vois cet homme moribond qui proteste mais il est seul et son NON résonne à peine dans le décor emporté par le vent. Tout aussi seul ce tribun qui n'a que ces mots : "je ne sais pas comment leur expliquer que les micros ne marchent pas", lui, il est devant des millions de personnes qui attendent, pour quel message ?


Il y a aussi cet homme qui affirme je serait bref alors que l'on voit un lustre justement se décrocher du plafond. La liberté arrive aussi à s'exprimer dans l'allégresse devant le gaulois, ce bar que l'on peut imaginer à Paris, car c'est la tour Eiffel qui se profile à l'horizon, où l'on voit le barman avec un cocktail aux trois couleurs bleu, blanche, rouge, sautant, gambadant, trois couleurs est-ce les bonnes couleurs ?


Il n'en finit pas de distiller ses dessins. Je retiendrai un dessin qui m'a beaucoup impressionné celui où l'on voit cet homme, émettre cette phrase, : "devant l'uniformité du monde je préfère aller dans un couvent". Sur la même page on voit un couvent au loin, où il n'y a que des personnages identiques, les moines sont tous en noir. La liberté est une chose difficile à vivre, une réalité difficile à exprimer et à partager. Je vois ces quatre musiciens d'un même quatuor, trois sont sur le quai N°1, le quatrième sur une autre quai et Sempé de glisser, "Charles Henri tu te rends compte c'est la fin de notre quatuor".

Un livre irremplaçable bien sûr, d'une grande simplicité esthétique, et d'une grande puissance d'expression. J'espère ne pas être le seul et le dernier à faire des commentaires qui pourraient apparaître dans quelques mois bien nostalgiques.
À tchao bonsoir
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