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Critique de cjjouvet


Un premier plaisir, recevoir ce beau livre "Le peintre de Fés" dans le cadre de la Masse Critique, puis découvrir la couverture glacée joliment illustrée et apprécier la belle présentation générale qui promet une lecture aisée. Voilà un préambule très agréable, aussi je remercie vivement les éditions Tensing pour cette belle découverte.

Beau récit et unique livre écrit par  André Réveillaud en 1918, contrôleur civil de Méknès puis avocat à Fès durant l'époque coloniale. Par sa connaissance profonde du Maroc, par son humanisme et son esprit de justice , a contrario de l'esprit colonialiste sûr de sa supériorité à cette époque, il était tout désigné pour écrire ce roman et nous faire partager sa vision sensible et approfondie de ce pays.

Facture classique pour ce roman et parut initialement sous le titre "La force de la race", ce titre fut changé et la raison en est évidente pour cette deuxième édition de 2014. Mais en dehors de la nécessité de ce changement de titre, je préfère l' actuel, à mon sens plus ajusté au contenu du livre.

Autour de la description minutieuse de la vie à Fés, s' articule la relation amoureuse entre Mina, jeune marocaine et Pierre un peintre français qui après avoir reçu une bourse, termine ses études au Maroc. Un univers très justement dépeint. Emerveillement de la découverte de Fés et de la vie dans un riad de la médina ; tout séduit ce jeune français, l' envoûte et l'enivre, les odeurs du souk , la profusions des couleurs, le travail minutieux des artisans, l'érudition des intellectuels marocains jusqu'à l'univers clos du riad. Son amour pour Fès et pour Mina, femme fatale ou victime? , vont alors s' entremêler et lui faire perdre tout jugement et sens critique sur valorisant la culture marocaine et son mode de vie; tout est parfait à ses yeux.

Un bref séjour à Paris va le renforcer dans son désir de retourner définitivement au Maroc. A Paris tout est gris, il juge les peintures de ses anciens confrères ainsi que les siennes laissées chez lui, inintéressantes; cédant à la mode, cédant au diktat des salons de peinture. Revenu à Paris pour voir son père malade, il ne ressentira qu'indifférence pour cet entourage qui lui plaisait tant auparavant.

A son retour au Maroc, qu'il souhaite définitif, sa relation avec Mina si idyllique auparavant va se dégrader, l'entrainant vers une attitude absurde. Pierre changera, voudra adopter à l'excès le mode vie marocain, pensant ainsi se rapprocher de cette femme pleine de reproches maintenant. Pour tenter d'apaiser leur relation, il voudra se marier avec elle mais pour cela il devra se convertir à l'Islam, ce qu'il fera aussi avec conviction. Cela ne suffira pas, alors s' enfonçant dans une attitude vaine jusqu'à se ridiculiser auprès des français et des marocains, désavoué par tous il fuira toute relation avec ses amis.
Complètement enfermé dans cette métamorphose et le déclin de sa relation, il ne peindra pratiquement plus .
Malgré son échec sentimental et sa désillusion, il ne reviendra pas vers sa civilisation d'origine; son changement est une impasse, sans possibilité de revenir en arrière.

D'une lecture aisée ce livre, avec un beau style, très ressenti quand il nous plonge dans l'univers fascinant de Fès, sait capter notre attention. Il recrée très fidèlement l'ambiance de cette ville et la personnalité de ses habitants mais reste plus naïf et convenu dans le récit de la relation amoureuse.

Jusqu'à la fin, Pierre essayera d'adopter le mode de vie, la pensée et la religion musulmane sans jamais revenir sur ses choix, jusqu'à sa déchéance, sans la volonté de retourner vers sa culture européenne.

Pour cela je ne partage pas complètement l'analyse indiquée en 4 ème de couverture car cette histoire ne se termine pas vers un retour à son origine, il s' en est échappé définitivement et avec l'échec de sa conversion, il n'y a pas d'autre issue qu'une fin tragique.

Extrait de la quatrième de couverture.
"Tout le thème du livre (La force de la race) est derrière ce titre. Malgré son intelligence, sa culture, son enthousiasme pour la religion musulmane, et la découverte d'un Maroc qui le fascine et l'envoûte, le héros du roman ne pourra s'échapper de son origine et de sa culture chrétienne et française.".

J'attendais un réflexion sur le thème de la force de l'origine. Mais ici le héros ne remet pas en cause sa conversion et son choix de vie, il ne revient pas à son origine. C'est davantage un bel hommage à la ville de Fès avec une fine observation du mode de vie de ses marocains. Mais cette lecture ouvre des voies et me donne l'envie de lire d'autres ouvrages traitant de ce thème, n'est-ce pas aussi la réussite d'un livre d'ouvrir d'autres portes?

En avance sur idées de son époque, ce roman est toujours d'actualité et l'auteur, admirable guide, pourra vous accompagner dans un voyage à Fès, rien n'a changé!
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