Sentiment bien mitigé sur cette
Invasion de
Luke Rhinehart - traduit par
Francis Guévremont- , avec deux réflexions post-lecture qui s'opposent.
D'une part l'empathie pour cette grosse farce enlevée, drôle et parfois totalement barrée, qui nous décrit - une fois n'est pas coutume - l'envahisseur extra-terrestre comme bienveillant, humanisé et plaçant le jeu au top de ses valeurs. Une boule de poil capable de prendre forme quasi-humaine et de s'en jeter un, non pas derrière la cravate mais sur le sommet du crâne, ne peut pas être foncièrement mauvaise.
Ces Protéens qui ont envahi la terre et la vie familiale de Billy Morton sont donc des potaches à l'intelligence exacerbée, prenant l'arme de l'humour et de la blague à deux balles (mais deux balles qui font souvent sens) pour confronter l'Amérique à ses travers, à ses incohérences, à son impasse politique actuelle. C'est dynamique et raconté via des chroniques chorales dans une forme parfois déstructurée qui va bien à l'ensemble.
Mais parallèlement, une forme d'abus du second degré et du "dézoomage" pour faire passer des pseudos-messages profonds finit par devenir lassant. On comprend assez vite le parti-pris anti-système de
Rhinehart (on le connaissait déjà avant) et sa parabole extra-terrestre pour le dénoncer une fois de plus. Sauf qu'à partir de la seconde moitié du livre, cela finit par tourner un peu en rond, avec un peu trop de redites à mon goût...
Reste une lecture agréable avec une jolie fin proche du chaos et de l'impasse, ouverte à toutes les réflexions. Pour moi, ce sera comme dans le Guépard : Faut-il donc que tout change pour que rien ne change ?
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