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Critique de Filox


C'est sans doute une gageure que de commenter cet ouvrage, je m'y risque, les ouvrages de prospectives sont rares, et chausser des lunettes (longue-vues!) américaines me semble indispensable dans ces temps de doute voire de déclin de notre vieille Europe.

Trois idées fortes, structurent l'ouvrage :

- Les grandes révolutions économiques de l'histoire sont des révolutions des infrastructures et ce qui donne aux grandes révolutions des infrastructures leur puissance transformatrice, c'est la convergence de nouveaux moyens de communication avec de nouveaux régimes énergétiques.

- Notre futur est la guérison de la communauté biosphérique

- Nous allons vers une société du coût marginal zéro car nous avons la plate-forme d'échange, à l'échelle mondiale qui nous permettra de troquer la recherche de l'enrichissement individuel pour la qualité de vie durable, l'économie reposera alors sur l'Etat, le marché capitaliste réduit et les « communaux » qui eux aussi fourniront (encore bien plus qu'auparavant ) biens et services.

L'ouvrage fourmille d'exemples, détaille les concepts, présente aussi les atouts et menaces, les impacts, positifs et / ou désastreux, auxquels nous pouvons nous attendre.

Je vais simplement illustrer, au vu de vous mettre en appétit de lecture !, les trois idées structurantes évoquées ci-dessus :

- Les couples communication /énergie furent : homme, cheval, eau, vent / oral, écriture
puis : vapeur, charbon, acier / imprimerie, puis pétrole, électricité (donc machine-outil) /téléphone, puis aujourd'hui énergie fossile/télécommunications et demain : énergie renouvelables/ internet des objets :
L'internet des objets se composant des trois internet : Internet des communications, Internet de l'energie, Internet de la logistique.

- Aux USA , l'efficacité énergétique totale est passée de 3 % pour plafonner à 13 %, demain (dans 40 ans) elle pourra atteindre 40 %, c'est donc à une explosion de la productivité que nous allons assister. le prix Nobel de l'économie Robert Solow a expliqué que la croissance ne s'expliquait que pour 14 % par le capital-machine et l'éfficacité de la main d'oeuvre, 86 % proviennent de l'usage des infrastructures de communication !

- Hier notre économie était basée sur le capital financier, le coût marginal élevé, le retour sur investissement, les échanges monétarisés, la propriété intellectuelle, des grandes structures verticalisées
- Demain la nouvelle économie sera fondée sur le capital social, le coût marginal proche de zéro, les échanges sur communaux collaboratifs, l'open-source, la démocratisation de tout, activités collaboratives et pouvoir latéral

Bien sûr, c'est un défi qui nous attend :
Celui de permettre cette transition entre les deux économies, ce sera notre oeuvre politique majeure, à construire.
Si la technologie peut être révolutionnaire, par exemple l'impression 3D va nous permettre de réinventer notre façon de construire, mais l'intelligence nécessaire pour mieux exploiter l'Energie (renouvelable) ne pourra se maintenir que dans la démocratie et la paix, et donc l'amour et la culture y ont aussi toute leur place !

J'ai bien aimé le développement sur la cosmologie et le fait que la religion justifie toujours l'économie. Nous allons abandonner la gloire de la propriété privé (la propriété est toute la loi comme disent les anglais) qui grandit chaque homme, pour bâtir un ordre naturel nouveau. Exit le bien du plus apte qui légitime les grandes structures verticales construites pour le « bien commun »
Cette pensée, magique, a accompagné le capitalisme et le socialisme, c'est devenu inadapté.

Cet essai, a la force d'une démonstration d'inspiration mathématique, brillante, l'auteur revient sur chaque notion, les emboîte, les hiérarchise, elles font système. C'est truffé d'exemples, de définitions, j'en cite quelques unes : fablab, makers, réplicateur, prosommateur, pair à pair, hacker, MOOC, bio-informatique, copyleft ( à opposer à copyright), URL, BIG DATA…
Je n'en donne ici qu'un modeste échantillon ….

Les écueils sont bien sûr évoqués, et peut-être le plus grand est celui de la tentation des « enclosures ». Je cite : « Les grands réseaux sociaux emmurent l'information produites par leurs usagers et ils la cachent du reste du web, ils créent des enclos commerciaux »
L'antidote : ? « Ne vous fiez jamais à qui veut prendre ce que nous partageons tous et utilisons à égalité pour le donner à quelqu'un qui sera le seul à en profiter ».

voilà j'en arrête là, bonne lecture ! c'est dense, passionnant et donne à voir les promesses qui appartiennent avant-tout à nos jeunes, et nous avons vieilli bien vite….
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