AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bequelune


Attention, chef d'oeuvre. Kim Stanley Robinson imagine la disparition de l'Europe – de sa culture, de ses populations –, anéantie par une épidémie de peste noire au Moyen-Âge. Dés lors, il nous conte 700 ans d'évolution d'un monde qui voient s'affronter les trois grandes civilisations de la Chine, de l'Inde et de l'Islam (avec une apparition des Haudenosaunee (Iroquois) d'Amérique en cours de route).

Ce nouveau monde est décrit avec un soucis des détails bluffant. Ainsi, pour ne prendre que des exemples évidents, le calendrier est le plus souvent musulman (l'an 0 correspond à l'an 622 de l'ère chrétienne), les distances sont mesurées en lis et l'énergie, y compris dans les considérations des physiciens du roman, est souvent nommée ki.

Pour éviter une prolifération des personnages qui nuiraient au récit, l'auteur a une idée originale : raconter les destins de trois personnages au grès de leur suite de réincarnations successives dans des corps d'hommes, de femmes, et parfois même, d'animaux. Ces trois personnages empruntent différents noms en fonction des époques, mais ils sont identifiables grâce à leur première lettre : K le révolté, I le savant et B le sage/naïf. Je trouve cette idée d'autant plus géniale qu'elle illustre à la perfection les pensées bouddhistes, religion et philosophie qui prend – logiquement – de la place dans l'univers du livre.

Ainsi, le livre est à la fois une chronique du monde qui court sur plusieurs siècles, et le conte de destinées individuelles. Beaucoup de thématiques sont abordées, du choc des civilisations à la place de la science, sans oublier la condition des femmes. Bravo spécial à l'auteur pour ce dernier point, car ce n'est pas si courant que ça de trouver de l'uchronie avec un parti-pris directement féministe, et ici Robinson le fait à la perfection. Il pointe très bien les contradictions de l'Islam notamment, entre possible levier de libération féminine et poutre du système patriarcal.

Malgré ce « pavé », le nombre de pages impressionnant, voilà donc un livre que j'ai fermé presque à regret tant la lecture m'avait enchanté. Je le répète : attention, chef d'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          283



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}