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Critique de PtitVincent


La mère de l'auteur était profondément attachée à une photo de famille. Au point que devenue veuve et après avoir déménagé chez un de ses fils, elle fit la vie à tout le monde jusqu'au jour où la photo égarée fut retrouvée.
Cette photo, datant sans doute d'un dimanche d'été en 1946, fut prise sur la plage de Valence en Espagne. Elle ne comporte pourtant pas toute la famille : un frère et une soeur y sont absents, ainsi que le père. Que représente-t-elle pour cette mère si silencieuse et discrète, un moment heureux ou spécial ? Durant cette quête dans les souvenirs familiaux, Paco Roca retrace la vie d'une famille républicaine et pauvre durant la dictature de Franco, peu après la guerre civile. C'est là toute la force de cette BD : allier l'intime à l'universel.
Une enfance marquée par la faim et le dénuement. Mais aussi par la religion (un catholicisme punitif et menaçant) et les mystifications du pouvoir fasciste. La promiscuité d'une grande famille et les lacunes de l'éducation. Et puis, surtout, le rôle de la femme dans la société : mise en valeur pour un unique rôle, celui d'une femme au foyer, mère de nombreux enfants (les marottes de l'extrême droite ne changent pas). le patriarcat de cette époque ne laisse pas de place à tout autre schéma familial.
L'amour d'Antonia pour sa mère et les histoires que celle-ci lui racontera au fil de son enfance détermineront sa personnalité, celui d'une femme discrète, dont la volonté, voire l'obsession, sera de protéger et de garder uni le cercle familial, le mari et les enfants, avec un sens du sacrifice que partagent beaucoup de femmes. Une vie simple et modeste et pourtant remarquable.
Ce récit est mis en valeur par un dessin efficace et expressif, sans fioritures (selon moi, Paco Roca est le Étienne Davodeau espagnol, à de nombreux points de vue). Un dessin qui convient parfaitement à ce récit intimiste, à cette famille, à ce portrait de femme et à son enfance où l'on compte de rares moments de bonheur. La mélancolie qui en ressort n'en est que plus touchante.

Un livre réussi de la première à la dernière planche.
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