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Critique de Satyasaibaba


Edgar porte le même nom que son grand frère, mort à un an une nuit d'hiver, alors que la neige tombait. À peine né, le voilà en quelque sorte porteur d'une double existence : la sienne et celle de l'autre Edgar. Mais le voilà aussi porteur, dans le chef de ses parents endeuillés, d'un nouvel et fabuleux espoir de vie. Une vie qu'il faut protéger absolument et sur laquelle Maria, la mère, veillera sans relâche, jour et nuit, année après année. Une vie à laquelle elle s'accrochera encore plus lorsque, tombé d'un échafaudage, son infortuné mari n'apparaîtra plus à la maison que sous la forme d'un portrait rajeuni, endimanché et souriant sur le buffet, trônant à côté de celui de l'enfant parti trop tôt.
Anne-Frédérique Rochat nous narre dès lors l'existence de cet enfant grandissant pas à pas dans le giron d'une mère esseulée et sous le regard fixe des deux portraits du buffet. Un enfant qui prend très vite conscience qu'il n'est pas comme les autres. Moqué par les autres, sans véritables amis, il poussera telle une plante fragile entre les deux tuteurs que sont sa mère et Mathilde, la vieille voisine qui l'arrose de tendresse, de gâteaux et de chocolat chaud. L'une et l'autre constituent tout son monde. Une sorte de nid douillet qui le retient prisonnier volontaire d'une enfance qu'il peine à quitter. On suit dès lors Edgar sur les différentes marches de sa vie, se découvrant une passion pour le théâtre, éprouvant les premiers émois sexuels, mais finalement incapable de s'affranchir de ses liens que par amour d'autres ont tissés autour de lui et qui lui ont, au bout du compte, coupé les ailes.

L'écriture d'Anne-Frédérique Rochat est fluide et agréable. Sans aspérité. Trop lisse sans doute. Son roman se lit avec plaisir, charmante escapade dans la vie d'un être trop sensible, mais ça s'arrête là. En tout cas pour moi. Je m'attendais à plus de turbulences, de descriptions au scalpel d'un être ravagé par la perte d'identité (rappelons que la 4e de couverture annonce comme thématique la quête de l'identité personnelle dès lors que l'on naît pour remplacer un enfant disparu), mais de ce point de vue, je n'y ai entendu que des chuchotements. Dommage. Partant, L'autre Edgar est davantage le roman d'une castration affective, de l'emprise néfaste d'une mère sur son fils. C'est déjà pas mal, mais il y a un goût de trop peu et surtout la déception d'un traitement finalement trop sage, qui ne fait qu'effleurer un sujet plein de potentiel.
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