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Critique de glegat


Hans Rosling [1948 - 2017] a un parcours hors du commun. Medecin Suédois et conférencier il a dédié sa vie à la santé de ses contemporains. Il a exercé au Mozambique ou il était le seul médecin pour 300 000 habitants, il a ensuite donné de nombreuses conférences sur les soins de santé dans les pays à faible revenu, il a également été conseillé auprès de l'organisation mondiale pour la santé et de l'Unicef. Peu après avoir appris qu'il était atteint d'un cancer du Pancréas il eut le temps de terminer son ouvrage en cours "Factfulness", convaincu de délivrer un message utile à ses contemporains.

Dans son livre il développe une thèse selon laquelle monde ne va pas si mal qu'on le prétend. Si beaucoup sont pessimistes et considèrent que c'était mieux avant c'est parce qu'ils ne raisonnent pas de façon objective et qu'ils interprètent les choses plutôt qu'ils n'observent la réalité des faits.

Dans l'introduction l'auteur propose un test au lecteur pour démontrer que notre manque d'objectivité est influencé par une tendance à la dramatisation. Je dois avouer que ce test est assez concluant même si je ne m'en suis pas si mal tiré [6 points sur 13]. Notre vision dramatique du monde nous conduit à choisir les réponses les plus spectaculaires et les plus négatives. Cela provient de la façon dont notre cerveau fonctionne. Nous sommes équipés d'instincts qui ont permis à nos ancêtres de survivre. Notre cerveau évite de trop penser et se hâte de conclure.

Ce livre a pour but de faire changer les façons de penser des gens, calmer leurs peurs irrationnelles, rediriger leur énergie vers des activités constructives.

Factfulness est un mot exprimant l'attitude qui consiste à fonder son opinion sur les faits et non sur les préjugés. Les explications de l'auteur sont assez convaincantes même si l'on peut identifier ici ou là une tendance à présenter ses arguments sous leur meilleur jour sans rentrer dans les détails.

Il a notamment posé cette question à un panel international :
“Ces vingt dernières années, la proportion de la population mondiale vivant dans une extrême pauvreté :
A —A presque doublé.
B —Est resté à peu près stable
C — A presque diminué de moitié”

4 % des Français interrogés répondent A ou B alors que la bonne réponse est C. L'auteur précise qu'il s'agit pourtant de données objectives facilement vérifiables et accessibles à tous.

Tout le reste du livre développe les conséquences de ce constat et donne des pistes pour retrouver une pensée objective débarrassée des préjugés.

S'il est vrai que beaucoup de choses vont mal dans le monde d'aujourd'hui nous avons néanmoins tendance à exagérer le côté négatif. Ce livre nous incite à pondérer notre opinion en construisant nos raisonnements sur des réalités et non sur des impressions ou des peurs.

L'auteur utilise beaucoup de statistiques et de graphiques pour étayer son propos. Il montre notamment de nombreux graphiques [32] montrant les phénomènes négatifs en recul [par exemple le nombre de morts à la guerre] et des phénomènes positifs en progression [par exemple : survie infantile au cancer].

D'après l'auteur notre instinct négatif nous induit en erreur. Un des moyens de lutter contre cette tendance est de se rappeler que nous avons beaucoup plus de chance de recevoir des informations sur des évènements négatifs que sur des évènements positifs. Quand les choses vont mieux, souvent, on n'en entend pas parler.

Ce livre pourrait être utile pour combattre le stress et le pessimisme.

Un petit bémol toutefois, les arguments, les chiffres et les graphiques proposés sont souvent utilisés par d'autres auteurs pour démontrer que le système économique dans lequel nous vivons est un bon système. Prudence donc sur les conclusions à tirer de la thèse d'Hans Rosling. Je dois avouer que la préface signée Dominique Seux m'a un peu alerté, car je ne partage pas la plupart de ses analyses surtout axées sur la bonne marche des entreprises et de la bourse sans trop s'intéresser aux inégalités sociales.

Je ne pense pas que ce livre ait été écrit pour défendre un système, mais il pourrait être utilisé opportunément par certains pour justifier un certain modèle économique et politique.

Ce n'est pas parce que nous vivons globalement mieux qu'il y a un siècle qu'il faut se complaire dans un optimisme béat.

Je retiens de ce livre son message essentiel : il ne faut pas céder à notre tendance à la dramatisation, il faut s'en tenir aux faits.

Un ouvrage bien écrit agréable à lire, très clair et agrémenté de nombreuses illustrations.

- “‘Factfulness' Hans Rosling, Flammarion [2019], 396 pages.
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