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Critique de Karow


Karow
16 février 2016
Le nom du général Koutiepov n'est guère connu du grand public même si quelques études lui ont été consacrées il y a plusieurs dizaines d'années, je pense bien sûr au livre de Marina Grey, le général meurt à minuit ou encore celui de Danielle Beaune, L'enlèvement du général Koutiepoff. Et pourtant, ce général est une figure incontournable de l'émigration russe blanche au même titre que le général Wrangel et peut-être même plus que lui car il représente, à lui seul, la lutte armée contre le régime soviétique. Moscou ne s'y est d'ailleurs pas trompée en opérant son enlèvement. Mais qui était-il exactement ?
Né en 1882 dans une famille modeste, il fait néanmoins de brillantes études et choisit la carrière militaire. Il avait le goût de l'uniforme et de la discipline. Il participe à la guerre russo-japonaise et reçoit la croix de l'ordre de Saint-Vladimir des mains du tsar Nicolas II. Lors de la Première Guerre mondiale, il prend part aux différents engagements au sein du prestigieux régiment de la Garde impériale Preobrajenski dans lequel il s'illustre particulièrement et dont il devient le colonel en 1917. Après la révolution d'Octobre, il rejoint l'armée blanche du Don en lutte contre les bolcheviques. Sous l'autorité des généraux Alexeïev et Kornilov puis Denikine et Wrangel, Koutiepov va prendre une part active aux combats et devenir le fer de lance de cette armée blanche du Sud. Il y est fait général et reçoit le surnom de général de fer. Mais l'armée rouge, sous l'impulsion de Trotski, parvient à chasser les blancs du Caucase à la fin de l'année 1920. L'armée blanche se retrouve ainsi concentrée dans la péninsule de Gallipoli en Turquie et Koutiepov veille à ce que ses troupes restent soudées et opérationnelles. Ses soldats doivent toujours constituer une armée redoutée tant des alliés que de leurs ennemis. Ils doivent représenter la Russie en exil. Mais bientôt, il faut quitter le camp militaire de Gallipoli pour la Bulgarie. En 1922, Koutiepov est expulsé de ce pays et se rend en Serbie où il devient l'adjoint du général Wrangel. Puis, il gagne la France et s'installe à Paris. Il est alors un proche du grand-duc Nicolas Nicolaïevitch, l'oncle du dernier tsar, et prône l'action armée au coeur de la Russie communiste. Mais, trop confiant, il se laisse souvent berner par les espions soviétiques. En effet, ses agents, envoyés en URSS, sont neutralisés ou éliminés. Cependant, en 1930, Koutiepov devient dangereux pour le régime stalinien qui connaît de réelles difficultés dans l'application de sa politique de collectivisation. La population rechigne et se rebelle et l'aide que pourrait lui apporter Koutiepov, en envoyant des troupes, est prise au sérieux par Moscou. Son enlèvement est ordonné et sa mort accidentelle survient peu après à la fin janvier 1930. D'après les agents soviétiques, Koutiepov était « le principal générateur d'idées et le chef incontesté des officiers de l'émigration, surtout des plus jeunes. C'était une idole pour la jeune génération des officiers blancs. » Sa disparition coupe cours à la lutte armée en Union soviétique.
Nicolas Ross, à qui l'on doit cette biographie du général Koutiepov, n'en est pas à son premier ouvrage sur l'armée blanche ou l'émigration russe blanche. Après avoir donné un livre sur la mort du dernier tsar, il publie aux éditions des Syrtes, plusieurs ouvrages sur l'émigration russe blanche dont Aux sources de l'émigration russe blanche : Gallipoli, Lemnos, Bizerte (1920-1921) et La Crimée blanche du général Wrangel (1920). L'auteur connaît donc bien le sujet et c'est tout naturellement qu'il s'est intéressé à ce personnage incontournable de l'émigration blanche. Pour brosser le portrait de Koutiepov, l'auteur semble (je dis semble, car il ne donne comme sources que des productions livresques) utiliser avant tout les ouvrages français ou russes qui ont été écrits sur la période. Il dit en effet à plusieurs reprises qu'il est impossible de consulter les fonds d'archives en Russie car ils ne sont pas ouverts au public. de ce fait, certains aspects de la lutte de Koutiepov contre l'Union soviétique ne sont connus que grâce à des romans qui ont été publiés en langue russe. Même si l'auteur recoupe ces informations avec des sources plus fiables, qu'il ne cite pas précisément, il lui est bien difficile d'avancer des certitudes mais bien des suppositions. D'ailleurs, il ne s'en cache pas, et dans l'état actuel de la connaissance de certains évènements liés à l'émigration russe, il ne peut en être autrement.
Au demeurant, c'est un livre riche en information sur l'émigration russe blanche en Europe, sur la présence des Russes à Paris et sur l'action entreprise pour lutter contre le bolchévisme. Cet ouvrage met aussi l'accent sur l'espionnage mené par l'Union soviétique en France et sur la volonté de Moscou de contrôler ou d'éradiquer ces associations russes blanches ou ses chefs qui pouvaient nuire à son régime. Un livre à lire pour une meilleure connaissance de la Russie blanche. Un livre doté également d'un important cahier d'illustrations.
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