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Critique de adtraviata


Joseph Roth est né en 1894 en Galicie (aux confins de l'empire d'Autriche-Hongrie, dans l'Ukraine actuelle) et mort en 1939 à Paris. Avant de se consacrer à l'écriture de romans (le plus célèbre est La Marche de Radetsky, où il exprime sa nostalgie pour la monarchie, il a travaillé comme journaliste, à Vienne et à Berlin. Il ne cessera pas d'être journaliste puisqu'à Paris, où il s'exile dès l'arrivée des nazis au pouvoir, il a longtemps été chroniqueur pour le Frankfürter Zeitung.
Ce recueil couvre donc la période de 1919 à 1926, on y voit Roth couvrir des conflits qui suivent la première guerre mondiale et la chute de l'empire austro-hongrois, des « petits » conflits dont, je l'avoue, je n'avais jamais entendu parler, entre la Russie et la Pologne, en Silésie, en Rhénanie. En 1921, il se rend à Düsseldorf et parle notamment de l'occupation française en Allemagne. C'est dans cette série d'articles qu'il parle de la réhabilitation des Noirs : « Je dirais pour disculper les Noirs qu'ils ne portent pas de monocles, qu'ils n'inventent pas de mitrailleuses, qu'ils ne rédigent pas d'articles incitant à la haine, ne font pas d'attentats à la dynamite ni de discours, qu'ils ne peignent pas de croix gammée sur les murs, ne font pas de marché noir, ne prêtent pas d'argent avec intérêt et n'écrivent pas de Mémoires. Je pourrais prolonger à volonté la liste des motifs de les excuser. » (p. 115-116)
Cet extrait rend bien compte de l'esprit de Joseph Roth : outre qu'il se rend évidemment sur le terrain et raconte les faits de l'intérieur, sur un mode à la fois rigoureux et intime, il use d'un humour corrosif pour dénoncer le racisme et l'antisémitisme qui pointent leur nez très vite après la fin de la première guerre mondiale. En fait, Joseph Rot était assez visionnaire par rapport à la montée de ces fléaux, tout comme son ami Stefan Zweig.
Le dernier tiers du livre est consacré aux articles de la tournée en URSS, en 1926. Déjà à l'époque, une tournée nécessaire pour un homme de gauche. L'observation est précise, elle traque le quotidien dans les moindres détails d'un défilé militaire, par exemple. Sans illusion aussi.
L'oeuvre de journaliste de Joseph Roth tient une grande place dans ses écrits. Elle éclaire la vie d'un homme engagé, qui a fini submergé par la montée des totalitarismes, seul, alcoolique et sans argent à Paris. J'ai hâte maintenant de découvrir l'un ou l'autre de ses romans.
Un grand merci à Babelio et aux éditions du Nouveau Monde pour l'envoi de ce livre.
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