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Critique de thedoc


Sur un ton à la fois érudit et léger, Hannah Rothschild nous entraine dans une histoire romancée, historique et à suspens où le monde de l'art dévoile tous ses secrets.

Annie est une jeune chef cuisinière qui vit à Londres dans un modeste appartement. Employée par un réalisateur de cinéma italien, Carlo Spinetti, elle rêve à des jours meilleurs où elle pourra enfin exercer tout son talent et toute sa créativité en matière de cuisine. En attendant, elle concocte des plats basiques pour l'équipe du réalisateur et ronge son frein. Sortant d'une douloureuse histoire sentimentale, elle espère trouver du réconfort auprès de son nouveau petit-ami, Robert. A l'occasion de l'anniversaire de ce dernier, elle cherche un cadeau original et approprié. C'est au fond d'un vieux bric-à-brac au coeur de Londres qu'elle déniche un tableau tout poussiéreux qu'elle achète pour une poignée de livres. Elle ne sait pas encore que ce tableau, peint au XVIIIe siècle, est sûrement une des premières oeuvres du peintre Antoine Watteau, intitulé « L'improbabilité de l'amour », et qui après être passé entre les mains de nombreux propriétaires a disparu mystérieusement durant la Seconde guerre mondiale. La vie d'Annie va en être bouleversée.

Le thème de ce roman a de quoi ravir les amateurs d'histoire et les amoureux d'art. En effet, Hannah Rothschild, sur un ton enlevé et plein d'humour, sait avec simplicité nous conter les heures glorieuses du tableau d'Antoine Watteau. C'est ainsi d'une manière originale que le tableau prend la parole pour nous raconter lui-même son destin exceptionnel. Sans ennui, le lecteur découvre l'art du XVIIIe siècle, avec notamment la naissance du mouvement rococo insufflé par Antoine Watteau. Tableaux, peintres et grands personnages historiques se succèdent ensuite, le tout mêlé à de fines analyses picturales, aux méthodes de peinture et de restauration des oeuvres d'art. En un sens, c'est tout un cours sur l'histoire de l'art qui nous est offert mais toujours de manière détournée.
Ce côté érudit est complété par une critique du monde de l'art aujourd'hui. Hannah Rothschild, qui travaille dans ce domaine, n'hésite pas à décrire un milieu où marchands d'art, commissaires-priseurs, galeristes, directeurs de musée se taillent la part du lion dans un monde où la valeur d'une oeuvre dépend de plus en plus des mouvements de mode. C'est ainsi que l'on voit arriver dans un milieu autrefois réservé aux esthètes les people en tout genre qui apportent argent et côté bling-bling au monde de l'art. Vieux dandy, milliardaires russes en exil, riches collectionneurs, princes arabes… les personnages d'Hannah Rothschild sont hauts en couleur et souvent très drôles dans la description de leurs excès.

Malheureusement, il manque à cette histoire bien engagée …du rythme. En effet, l'enquête menée autour du périple de ce fameux tableau a de quoi séduire. Mais il faut attendre la moitié du livre pour que le suspens monte enfin d'un cran avec la révélation du secret de l'un des personnages principaux. On sent enfin que quelque chose de plus grave se cache derrière le tableau. Et puis après quelques pages... le rythme retombe à nouveau. Les passages concernant la spoliation des Juifs et l'ERR, les services nazis de confiscation spécialement institués par Hitler pour piller et dérober les collections publiques et privées dans les pays occupées d'Europe durant la Seconde guerre mondiale, auraient pu être davantage développés. Mais je reconnais qu'il ne s'agit pas ici d'un documentaire…
De plus, j'avoue que je ne me suis guère attachée au personnage d'Annie et à ses talents de cuisinière. L'auteure (sans doute une passionnée de cuisine également) s'est attachée à comparer la beauté d'une oeuvre d'art à la magie des mets culinaires, mais sans réel intérêt pour ma part. Enfin l'amour, soit disant un des thèmes centraux du roman, n'a vraiment brillé qu'à travers le tableau de Watteau et non pas dans les yeux d'Annie.
Pour terminer, l'avalanche d'événements à la fin du récit est totalement tirée par les cheveux et pose une nouvelle fois le problème du rythme que, décidément, l'auteur n'a pas su trouver. Dommage.

Je préfère terminer sur une note positive en rappelant tout de même que ce livre a le mérite de nous faire découvrir le monde de l'art de manière très espiègle et de poser la réflexion sur ce qui détermine la valeur d'un tableau. Hannah Rothschild parle très bien des oeuvres d'art et elle m'a donné envie, à maintes reprises, d'aller les découvrir « en vrai ».
Pour un premier roman, l'auteur ne démérite pas et peut persévérer dans cette voie.

Merci à Babélio et aux éditions Belfond de m'avoir fait découvrir ce livre.
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