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Critique de LeScribouillard


Pas de critiques sur ton blog depuis trois semaines, c'est du sérieux, ça, Sylvain ! Eh oui, mais que voulez-vous : j'étais au Tournoi des Mangeurs de Fondue Savoyarde ! Je suis revenu avec le premier prix, mais ça n'a pas été une mince affaire, surtout pour mes camarades de refuge qui ont failli mourir asphyxiés la nuit suivante : que voulez-vous, il n'est pas de médaille sans revers, il n'est pas non plus de plat succulent sans contrepartie olfactive…
Mais tout ça tombe bien car entre deux cours de fac j'ai eu le temps de terminer Harry Potter et la coupe de feu ! Il est rare que je ne traînasse pas pour lire la suite d'une série, et la plus célèbre saga de J. K. Rowling figure parmi les heureuses élues. Ce tome-ci marque le milieu de l'heptalogie, et est considéré comme un des plus réussis : en effet, il possède une caractéristique qui en fait sa force mais aurait pu s'avérer aussi son énorme faiblesse, c'est un tome de transition. Nous passons d'un Potter enfant à un Potter adolescent, de la tranche d'âge jeunesse proprement dite à celle Young Adult / romans pour ados. L'univers s'assombrit donc, les gags toujours aussi présents risquent fort de se dissiper à l'avenir (surtout avec le départ de deux personnages assez… fameux), et Vous-savez-qui (non, pas Zemmour, l'autre) hâte son retour parmi les mortels. Cerise sur la chocogrenouille, Harry se retrouve catapulté dans un tournoi magique auquel il n'était pas censé participer…
Alors, convaincu ou encore sceptique ? Eh bien, je n'attribue toujours pas la prestigieuse mention « lu et approuvé » aux aventures du petit sorcier, même si on a incontestablement là de la belle ouvrage. En effet, les vieilles recettes se font sentir encore plus que dans le tome précédent. Celui-ci faisant presque le double, je vous laisse imaginer la longueur de certains ventres mous. Vous commencez tous à connaître la routine : Harry voit des affaires louches du côté des adultes, les Dursley le malmènent, Drago Malefoy le harcèle, Rogue lui pisse littéralement dessus, Voldemort rejaillit, mais les choses finissent par s'arranger autour d'une bonne discussion entre amis. Et c'est sans compter l'apparition de Rita Skeeter, caricature de la journaleuse de bas étage, qui va colporter des potins d'une façon insupportable. Bien sûr, ça ne rend les châtiments du dernier chapitre que plus jouissifs, mais tout de même… Je veux bien que J. K. Rowling dénonce le harcèlement scolaire et les médias mainstreams mais elle peut parfaitement donner une idée de répétitivité en les montrant deux ou trois fois, pas toutes les cinquante pages d'un livre qui en fait 800, non ?!
Ceci étant posé, l'autrice continue d'approfondir ses thématiques et son personnage principal. Harry va découvrir la compétition, le show-biz… et donc la jalousie. Cette même société du spectacle refuse de voir le retour de ce qui pourrait bien la détruire, et cache des oppressions criantes mais totalement invisibilisées. Hermione va ainsi tenter de délivrer les elfes des maisons, quand bien même tout le monde veut qu'ils restent esclaves… eux les premiers. Cela la rend isolée même de ses amis, alors qu'elle s'enferme dans une démarche militante de plus en plus radicale, s'attisant ainsi la risée de la foule alors qu'elle défend une cause juste ; toute ressemblance avec le mépris de plus en plus manifeste que l'on réserve aux causes progressistes (teuheu wokisme teuheu) ne saurait être que pure coïncidence.
D'ailleurs, les serviteurs de Voldemort (les Mangentleursmorts, pardon, les Mangemorts) sont à rapprocher sur de nombreux points des fascistes : culte du chef, culte de la force, ségrégation des populations jugées impures, et depuis la fin de la guerre magique, bien sûr, il n'en court plus un seul en liberté… À ceci près qu'ils n'ont jamais occupé un État ou un territoire particulier : leur méthode est de s'infiltrer dans tous les pans de la société, en espions et manipulateurs. Avouez qu'on peut trouver difficilement mieux comme antagoniste, non ? C'est en tout cas une méthode similaire à Fight Club, sans doute un des meilleurs films sur les groupuscules extrémistes jamais réalisés. On trouve en outre dans le final un rituel maléfique particulièrement hardcore, en tout cas pour un roman jeunesse ; ça me donnerait presque envie de me remettre à la dark ambient…
Harry Potter et la coupe de feu est aussi un tome qui s'apprécie pour ses petites nuances : il est question de l'Europe de l'Est, et notamment de son folklore ; les créatures marines, d'habitude peu usitées en fantasy, y remplissent une certaine place ; l'univers s'enrichit avec de nouvelles écoles de sorcier, de nouvelles espèces et quelques éléments historiques qui viennent donner un peu de liant au tout. Reste que l'univers reste très manichéen, Rogue échappant de peu au tout-noir-tout-blanc du fait qu'il a désobéi à Voldemort et des personnages comme Mr Croupton restant en retrait alors qu'il est un perso loyal neutre assez radical ; moi j'aimerais bien voir des camarades de Malefoy qui vivent dans son ombre, consumés par l'ambition mais également tourmentés par leur loyauté envers Dumbledore ou le désir de faire le bien ! #NotAllSerpentards !
La saga Harry Potter continue donc agréablement et prend toujours délicieusement aux tripes. Mais d'un autre côté, on ne trouve plus la fraîcheur des premiers tomes. Reste à espérer que la profondeur des suivants vienne compenser… de toute façon, il faudra bien que je les lise, sinon Rogue me mettra un zéro. Et puis bon, c'est pour ma culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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