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Critique de LoupAlunettes


Elle avait les cheveux courts,
et un pantalon, rouge.
Elle la voit, elle la voit dans ses souvenirs aussi clairement que si cela c'était passé hier, dans ses souvenirs de bambin à la chevelure légère et hirsute. Elle la voit, qui lui ressemble, faisant danser son archer sur les cordes de son violoncelle.
Pas un violon, non. Un violoncelle.
Cette maman le tenait avec ses jambes fines aussi solidement que si elle se trouvait agrippée au tronc d'un arbre.
« Mais c'est impossible ! », n'arrêtait pas de seriner Miss Eliot, la dame des Services Sociaux, agrippant solidement ses certitudes de peur qu'elle tombe, aussi fortement que ses dossiers sous le bras.
Une enfant de 3 ans ne peut se souvenir de choses aussi précises. D'ailleurs, une femme ne joue pas du violoncelle, une femme ne porte pas de pantalon, c'est bien là la preuve que tout ceci n'est que fantasme et ineptie.
De plus, selon elle, il est plus que temps de reconsidérer cet « arrangement » peu correct entre cette enfant qui grandit et cette personne, ce Charles qui l'a sauvé des eaux du naufrage du Queen Mary. Cet épisode heureux et malheureux les a mené l'un sur le chemin de l'autre, la petite flottant au milieu des restes, lové dans son énorme étui à violoncelle.
Il ne serait pas bon que Sophie réponde sur les devoirs, inutile de préciser que certains devoirs sont faits sur les toits de la maison. Sophie est un joli petit oiseau, une musicienne à la chevelure de neige qui adore le grand air et les toits. de là haut, elle joue sa musique, comme un appel qui pourrait être entendu du bout du monde par une jeune maman qui aurait perdu sa fille.
S'agrippant l'un à l'autre, Charles et Sophie, le verdict de Miss Eliot bouleversant le petit coeur d'oiseau de Sophie, Charles, lui, bouleversant ses règles de bonnes manières londonienne d'adulte, la petite famille se sauve pour ne pas être séparée et décide de suivre les quelques pistes qui pourraient conduire la jeune fille vers la maman de ses rêves. Au revoir Londres, à nous les toits de Paris ! le ciel nous appartient vraiment !

: « Le ciel nous appartient » de Katherine Rundell est une belle histoire d'amour et d'amitié.
« L'amour est imprévisible » se dit elle-même Sophie.
L'amour que conserve Sophie pour cette maman qui la « hante » est précieux, comme une présence, une petite bougie allumée dans son esprit qui va demander d'être ravivé encore un peu plus. Un retour aux origines indispensables par cette quête imposée par les conditions de départ de l'histoire, savoir d'où l'on vient finalement pour aller vers l'avenir, en traquant sur les toits la petite musique tellement jouée par cette maman inconnue. Cela ressemble presque à un conte à plusieurs niveaux. le sauvetage de Sophie reste miraculeux, improbable et pourtant, dans cette histoire merveilleuse tout est possible.
Des enfants voyagent et se déplacent sur les toits, des hommes célibataires s'improvisent « papa de coeur », des personnes qui s'aiment au plus secret de leurs coeurs se rejoignent sur un air de musique.
Le Requiem de Faure, malgré sa particularité funèbre, vibre d'une magie tout autre dès lors qu'elle réussit à l'identifier, la sensibilité musicale de Sophie est aussitôt habitée, cet air qui anime ses rêves d'enfant, la mélodie prend un caractère lumineux et le fil ténu de l'indice prend la solidité d'une corde à laquelle elle s'accroche fortement tout au long de son aventure.
Grâce aux petits parisiens sauvages des toits de Paris, Mattéo, Anastasia et sa petite soeur Safi, Sophie va vivre une expérience inoubliable où les repères sont revus, inversés dans leur nature par la situation de crise. Être un petit sauvage des toits, c'est comme d'être parmi les petits enfants perdus de Peter Pan de John Barrie. Elle trouve une famille de coeur dans le jeu, une aide précieuse pour son enquête de maman à retrouver, des amis dans l'adversité au delà des conditions de vie spartiates des jeunes camarades. L'auteure promet des temps forts avec la redoutable bande rivale des « Cerbères » dans un coin de Paris qu'il est indispensable de traverser et une petite Sophie qui risquent de glisser des toits.
On aime, on frissonne, on espère, comme dans la vie. Une histoire sur le courage, une invitation à ne jamais lâcher ses rêves. Des réalités si l'on se bat parfois, l'espoir fait vivre comme on le dit. L'important comme le relate si bien cette histoire, c'est d'aimer, d'être aimé et vivre ensemble. Un ciel à portée de jeunes mains et de pages.
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