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Critique de kuroineko


Livre reçu dans le cadre d'une opération Masse critique spéciale. Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour cet envoi.

La quatrième de couverture établit un rapprochement avec le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates; ce n'est pas faux. Chronique d'un petit village anglais de mars à septembre 1940... une chorale à la place d'un club de lecture... Il y a de la ressemblance.

Jennifer Ryan explique s'être inspirée des récits hauts en couleur de sa grand-mère sur cette période où l'Angleterre se retrouva face à la volonté impérialiste nazie. Ces anecdotes, raconte-t-elle, pouvaient aussi bien être cocasses que tragiques. Car force est de constater que même en temps de guerre, le quotidien et ses petites tracasseries ou ses bons moments perdure.

Chilbury est donc un charmant petit village typiquement british du Sud-Est de l'Angleterre. Les hommes sont presque tous partis, pour cause de guerre déclarée l'année précédente. le pasteur décide donc de dissoudre la chorale. Damned! Heureusement qu'une professeur de musique au tempérament énergique et fondamentalement positif prend les choses en main et crée la chorale des dames de Chilbury. Ça fait grincer quelques dents sclérosées persuadées que tout accroc au précepte "on a toujours fait comme ça!" serait un grave manquement à l'ordre moral et à l'étiquette, voire divin!
La guerre va pourtant apporter une nouvelle donne dans la vie du village. Les femmes vont prendre les choses en main et montrer d'autres visages.

Sans être un roman féministe, le livre de Jennifer Ryan offre un beau panel de figures féminines ordinaires qui vont se révéler face aux adversités. Et sans etre un roman social à proprement parlé, l'auteure met en exergue les mutations dans les rangs sociaux; l'aristocratie perdant peu à peu de son influence et de son rôle dominateur. Surtout dans les régions rurales, comme ici.

La structure narrative mélange genre épistolaire et extraits de journaux intimes émanant des divers protagonistes. La guerre, forcément, occupe une part importante, couvrant de son ombre menaçante Chilbury, à portée de bombes des aviateurs allemands, comme Douvres et Lichtfield. Jennifer Ryan nous fait vivre la bataille d'Angleterre sur un espace géographique réduit, entre les alertes qui poussent tous les habitants vers caves et refuges et les calamités de la guerre (enfants et maris au front, désastres des bombardements sur les civils, les blessés, les morts, l'angoisse latente...).
La force vive des personnages leur permet de surmonter les dangers du conflit. La musique en est une particulièrement puissante qui renforce de surcroît la cohésion et la solidarité tout en apportant apaisement et compassion à ceux qui souffrent.

Ce roman n'est certes pas celui du siècle, ni même de l'année. Les situations et les protagonistes se révèlent souvent très prévisibles. Mais il possède d'indéniables qualités tant dans le fond que sur la forme. On se prend facilement de sympathie pour quelques figures telles que Primrose Trent, la sémillante chef de choeur, la digne mais surprenante Mrs Tillings ou encore la jeune Kitty qui, du haut de ses treize ans, interroge le monde et ses contemporains. Sourires, intrigues, émotions et éclats (de rire ou de voix) émaillent plaisamment le récit. J'ai ressenti beaucoup de plaisir à le lire et suis heureuse d'avoir accepté cette opération spéciale en me disant "Pourquoi pas?".
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