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Critique de Seijoliver


Après les ouvrages de Satoshi Kamata (Japon, l'envers du miracle), André L'Hénoret (Le clou qui dépasse) et de Rey Ventura (Clandestins au Japon) je poursuis ma découverte d'un Japon mal connu, celui de l'exploitation capitaliste et de la discrimination.

Voici quelques notes. L'ouvrage est dense et fort intéressant. Il a été écrit au début des années 80, et trente ans après il serait utile de savoir où en sont les japonais et l'état sur cette question...

Le livre permet de saisir les influences respectives et mélangées de la pensée shintoïste et bouddhiste. Ainsi selon la première citée, par exemple, tout individu confrontée à la mort, la maladie, la vue du sang, la naissance, les mauvais rêves ou les pensées négatives, était considéré comme souillé, puis contraint à l'isolement et aux rites de purification. La pensée bouddhiste en prêchant la pitié pour toutes les créatures vivantes a aussi joué un rôle dans l'exclusion des burakumin.

La façade, c'est l'homogénéité, l'unicité du peuple japonais. On ne parle pas de classes sociales, d'exploitation, mais d'harmonie, d'esprit d'entreprise.
Évidemment, la réalité est plus complexe, plus variée.

La structure économico-sociale explique bien des choses : d'une part, l'existence d'une pyramide d'entreprises en sous-traitance, où la sécurité de l'emploi diminue si on s'éloigne de l'entreprise qui commercialise le produit fini. D'autre part une forte propension de japonais-es ayant besoin de salaires d'appoint et qui accomplissent des tâches mal payées. Les burakumin discriminés au moment de l'emploi et du mariage, ne connaissent pas l'ascenseur social et sont donc tout indiqués pour occuper – et rester dans - ces emplois des bas-fonds économiques et sociaux.

Mais l'ouvrage montre bien que le mépris, la mise à l'écart ne trouvent pas leur origine dans la volonté d'exploiter économiquement un groupe.
C'est ce que va étudier le sociologue dans la seconde partie de l'ouvrage qui porte pour titre : archéologie de la souillure. (la 1ère partie est plus historique et s'appelle : les oubliés de l'histoire)

« Quelque chose de bizarre dans la manière de penses des japonais » : une société prisonnière de ses habitudes de pensées séculaires.

Si les burakumin peuvent être vu comme des marginaux ils le sont par état et non par choix !
Ce sont donc des exclus. Comme les étrangers intérieurs (aïnous) ou extérieurs (coréens) ; or eux sont pourtant des japonais à part entière…

Leur exclusion s'apparente aux systèmes des castes à l'indienne (séparation, division du travail, hiérarchisation sociale).

Le pur et l'impur. La discrimination prend donc son origine dans les représentations collectives nippones des croyances sur la pureté et l'impureté.

Les burakumin sont tout en bas, au sens de l'estime, du statut, de l'idée que les japonais se font les uns des autres, de la société. Ils ont pour fonction de purifier la société en prenant sur eux le péché et la souillure de celle-ci. La cause principale semble le shinto car au coeur même de son articulation est l'opposition du couple pur/impur, et en particulier l'idée qui veut faire des japonais un peuple unique et homogène.

Comme dans beaucoup de cultures les manquements à la règle, bref tous les éléments porteurs d'altérité entraînent l'exclusion, parce que implicitement c'est la structure, la hiérarchie qui est menacée. Sa place est en-dehors, à l'écart. La pensée japonaise est caractérisée par une tendance très nette à la classification, la hiérarchie, la constitution de groupes qui ont entre eux des rapports, essentiellement d'hostilité, ou du moins de rivalité.

Seule une mutation des valeurs générales (notamment le système des iemoto) qui ont produit cette pensée de la discrimination pourra éliminer celle-ci.
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