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Critique de jongorenard


Si vous pensez que les vieux livres sont ennuyeux, tristes ou trop sérieux, la lecture de "L'omelette byzantine" vous fera peut-être changer d'avis. Ce livre est un recueil de nouvelles satiriques, ravageuses, spirituelles, burlesques, loufoques, voire étranges. Saki, nom de plume d'un écrivain édouardien dont je n'avais jamais entendu parler, est connu pour ses brillantes nouvelles. Elles sont toutes très courtes, de quelques pages seulement, mais cela ne les empêche pas d'être abouties et captivantes. Bien que très variées, on y retrouve des thèmes et des personnages récurrents par exemple Reginald et Clovis, deux jeunes gens qui passent leur temps à se mettre dans le pétrin ou à aider les autres à s'y mettre. Nombre des nouvelles relèvent de l'humour satirique, Saki s'amusant à ridiculiser ses compatriotes aisés ou aristocrates, à se moquer de leur hypocrisie sous le vernis de la respectabilité. C'est un humour qui ne provient pas de malentendus comiques ou de scènes amusantes, mais qui réside plutôt dans l'ironie des répliques, dans la précision désopilante des descriptions, dans les analogies alambiquées, élégantes ou originales par exemple : « Latimer Springfield était un jeune homme sans gaieté, à l'air un peu vieillot, et qui s'était lancé dans la politique un peu comme d'autres prennent le demi-deuil. » Saki maitrise parfaitement le sarcasme, il observe et décrit avec netteté ses personnages, détaille leurs travers ou leurs défauts pour les lier à son récit caustique. Je m'attendais moins cependant au côté macabre de certaines nouvelles, un penchant que l'humour noir et grinçant de Saki ne fait qu'accentuer comme dans « L'habit ne fait pas le salut ». J'ai été également surpris de trouver des nouvelles relevant de l'imaginaire (« L'âme de Laploshka », « Laura ») ou d'autres pleines d'étrangeté, à la limite du fantastique, oscillant entre horreur et humour et pour lesquelles je ne savais guère si je devais sourire ou frissonner. « La musique sur la colline » par exemple imagine le dieu grec Pan errant dans les forêts autour d'une propriété de campagne anglaise et, ce faisant, confère à ces lieux tranquilles et paisibles une menace fantastique. Dans un autre recueil se trouve même une effrayante histoire de loup-garou intitulée « Gabriel-Ernest ». La présence de sauvagerie en liberté à proximité de la société civilisée ne m'a pas troublé ou déçu. Bien au contraire, elle apporte un contrepoint intéressant et peut-être même salutaire aux badinages et à l'esprit de salon.
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