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Critique de Alfaric


Pas de la grande littérature ni même de la grande Fantasy, mais de l'agréable novélisation : les aventures de Drizzt Do'Urden et ses compagnons, c'est des parties de jeux de rôles mises par écrit. Malgré une fanbase assez importante R.A. Salvatore jouit d'une réputation de tâcheron. Ayant par le passé hurler avec les loups, je fais mon mea culpa. D'un autre côté je n'avais en tête que la très mauvaise adaptation de Fleuve noir que je n'ose qualifier de traduction… C'est donc tout naturellement que je remercie Milady et Fanélie Cointot pour cette plaisante nouvelle traduction !

Nous suivons dans cet "Éclat de cristal" la formation d'une compagnie de héros pour ne pas dire d'une communauté :
- Régis (non ce n'est pas une blague) le roublard de petite taille, c'est un clone du Bilbo de Tolkien
- Bruenor le nain bourru mais au grand coeur, c'est un héritier du Thorin Écu-de-Chêne de Tolkien
- Wulfgar le barbare qui hait la magie, c'est une version édulcorée de ce bon vieux Conan d'Howard
- Drizzt, l'elfe noir humaniste c'est une version édulcorée de ce bon vieux Elric de Moorcock
Au sein de cette dream team fantasy Catti-Brie reste en retrait car comme tous les personnages féminins du cycle elle ne dégage pas grand-chose (son parler argotique m'ayant horripilé plus qu'autre chose, pire les romances nouées autour d'elle étant assez mal fagotées…).
C'est parfois bon enfant et on retrouve les belles sensations du shonen classique avec les tirades sur l'espoir et l'amitié, la foi dans le triomphe de l'amour et de la justice. C'est une Fantasy traditionnelle certes, mais c'est plaisant de retrouver cela dans une époque grimm & gritty post GRR Martin.

Partie 1 : Dix-Cités
On nous présente l'univers septentrional de Valbise qui rapidement doit faire à l'invasion du seigneur de la guerre barbare Haalfdane. Entre petits zooms humanistes et grands préparatifs de guerre, le siège de Bryn Shander fait Gemmell like mais aussi Gemmell light. Peu importe tout cela est sympathique.
Partie 2 : Wulfgar
Nous poursuivons avec le destin du jeune barbare Wulfgar qui fait l'apprentissage de la vie entre leçons de forge avec Bruenor et leçons d'escrime avec Drizzt. Entre petites leçons de morale et grandes amitiés naissantes, tout cela fait Gemmell like mais aussi Gemmell light. C'est rafraîchissant ou gnangan selon les goûts de chacun
Partie 3 : Cryshal-Tirith
Face au tyran autoproclamé de Valbise Akar Kessell nos amis suivent chacun leur voie pour lutter contre le Mal : escarmouches, batailles terrestres et navales, combats de siège, infiltration et exfiltration… le message de tout cela étant que chacun peut apporter sa pierre à l'édifice de défense de la liberté et qu'avec un peu de respect et de tolérances les ennemis d'hier peuvent être les alliés d'aujourd'hui et de demain. Entre combat contre un dragon et un duel à mort entre 2 armoires à glace, Wulfgar se fait la part belle mais ses compagnons ne sont pas en reste y compris Ventre-à-pattes le trouillard ! Tout cela fait Gemmell like mais aussi Gemmell light. Peu importe tout cela est sympathique.


Néophytes, easy readers, nostalgiques et rôlistes peuvent aimer cette aventure, mais tout cela ne marche qu'à moitié :
- inévitablement surviennent les moments où on entend rouler des dés...
- le prologue était nullissime de poncifs du genre, et ceux-ci reviennent de temps à autre tirer l'ensemble vers le bas
- les scènes d'actions sont très nombreuses, trop nombreuses sans doute donc on tombe dans la répétitivité tant on privilégie la quantité sur la qualité. J'apprécie les récits SFFF qui font la part belle à l'action, mais il faut que celle-ci soit bien amenée et bien mise en valeur sinon l'absence de tension et de suspens fait que cela trop souvent à plat, et ici le fait qu'à chaque fois que les choses tournent mal on fait appel au rubis hypnotique ou à la panthère magique n'arrange rien.
Les deus ex machina c'est parfois top grave cool, mais à force de tirer sur la corde cela devient ennuyant au possible.
- on sent quand même des inspirations faciles pas toujours bien digérées :
Du Tolkien et du Howard donc, mais aussi du Leiber, du Vance et du Moorcock quand on cherche bien… Ce joli mélange est à l'origine des univers Donjons & Dragons, d'ailleurs je vois renvoi au bon article du Boston Globe
http://www.bostonglobe.com/ideas/2013/12/22/sorry-tolkien-not-father-fantasy/pljM6¤££¤72JmFaqY54¤££¤8bzNSI/story.html
Mais c'est parfois un peu gros, voire goulbigoulbesque ! Ainsi on sent aussi avec Cryshal-Tirith (OMG le nom déjà) et ses miroirs magiques un recyclage de "Conan le Destructeur" : il y a quand même un peu mieux comme inspiration...
- le Tyran de Valbise, aka le boss de fin, est un supervilain de pacotille, un mago psycho cabotineur qui présente toutes les caractéristiques du pervers narcissique : difficile de trembler ne serait-ce qu'une seconde tant celui-ci est caricatural, un ersatz complètement raté de Saroumane qui lui-même se contentait d'être un sous Sauron…


Les intéressants monologues de Drizzt en début de parties tranchent avec le reste. On sent que l'auteur met beaucoup de lui-même dans son personnage fétiche. Dès lors on peut réinterpréter la saga : Menzoberranzan et ses traditions de compétitivité mortifère, c'est une certaine société américaine à qui l'auteur à décidé de tourner le dos, comme son héros, préférant essayer de rendre meilleurs les Royaumes Oubliés, comme son héros. Un monde parfois violent, raciste et fanatique dans son communautarisme certes, mais avec de l'amitié, de la solidarité, et la possibilité de s'intégrer dans un multiculturalisme progressiste. Si on ajoute que le héros est rejeté principalement à cause de la couleur de sa peau et des préjugés qui y sont affiliés, il n'y a qu'un pas pour y voir une critique en bonnes et dues formes de certaines mentalités.
Des héros porteurs de valeurs qui ont envie de rendre le monde meilleur, cela fait du bien : Justice Forever !
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