AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Alfaric


Pas de la grande littérature ni même de la grande Fantasy, mais de l'agréable novélisation : les aventures de Drizzt Do'Urden et ses compagnons, c'est des parties de jeux de rôles mise par écrit. Malgré une fanbase assez importante R.A. Salvatore jouit d'une réputation de tâcheron. Ayant par le passé hurler avec les loups, je fais mon mea culpa. D'un autre côté je n'avais en tête que la très mauvaise adaptation de Fleuve noir que je n'ose qualifier de traduction… C'est donc tout naturellement que je remercie Milady et Laurence Murphy pour cette plaisante nouvelle traduction !

Nous suivons dans ces "Torrents d'argent" un très sympathique revival du "Hobbit" de Tolkien mâtiné de "SdA" :
- comme Bilbo, Régis possède un puissant bijou magique recherché par un puissant sorcier
- comme Smaug, le dragon Ombreflet surveille son fabuleux le trésor et son royaume souterrain
- comme Thorin Écu-de-Chêne, Bruenor Marteaudeguerre recherche sa patrie désormais perdue
Les héros forment la Compagnie du Hall, une communauté formé d'un elfe, d'un nain, d'un semi-homme et de 2 humains… une configuration qui rappelle d'excellents souvenirs aux amateurs d'héroïc fantasy ! blink
Les copies édulcorées de Conan et Elric accompagnent le maître nain dans sa quête, avec une Catti-Brie atteinte du syndrome de Stockholm pas toujours très cohérente dans ses agissements… Savent pas ce qu'elles veulent ces nanas ! lol
C'est parfois bon enfant et on retrouve les belles sensations du shonen classique avec les tirades sur l'espoir et l'amitié, la foi dans le triomphe de l'amour et de la justice. C'est une Fantasy traditionnelle certes, mais c'est plaisant de retrouver cela dans une époque grimm & gritty post GRR Martin.

Partie 1 : Quêtes
D'un côté nous avons Bruenor, Drizzt, Wulfgar et Regis qui partent à l'aventure un peu à l'aveuglette, se basant sur de maigres indices pour finalement se retrouver dans les bas quartiers de Luskan. D'un autre côté nous avons Artémis Entreri engagé par Pacha Amas pour lui ramener Régis et son rubis hypnotique, qui s'allie à un mage ambitieux et à ses sbires. Entre les 2 camps une Catti-Brie qui part avertir ses amis avant de tomber dans les griffes de ce Drizzt inversé.
Partie 2 : Alliés
Tandis que nos compères se perdent dans les campagnes de plus en plus reculées des Royaumes Oubliés (faut dire qu'ils partent vraiment à l'aveuglette à chaque étape… lol), Catti-Brie essaye de semer la zizanie parmi leurs poursuivants.
Drizzt broie du noir devant les manifestations de racisme à son égard entre 2 péripéties tirées sur la table des rencontres aléatoires. Parmi elles une traversée de marais infestée de trolls plus Sam Raimi tu meurs (dommage d'avoir gâché ce chouette moment de fantasy horrifique par un boss de fin niveau totalement hors de propos).
Heureusement la Dame de Lunargent, clone de Galadriel, fournit à nos amis biscuits elfiques et baumes guérisseurs avant de les mettre sur la bonne voie.
Partie 3 : Nouveaux chemins
On est quelque part entre reconquête du Mont Erebor et reconquête des Mines de la Moria. Les oeuvres de Tolkien très littéraires accusent quand même leur âge, c'est donc très plaisant de retrouver ces scènes mythiques en cinémascope.
Parmie des duergars et autres gobelins, les 2 compagnies s'affrontent dans les sombres tunnels souterrains, alors qu'a lieu le duel au somment entre les frères ennemis Drizzt et Entreri… le final ne déçoit pas, mais le dénouement n'en est pas vraiment un et que tout est à suivre dans "Le Joyau du Halfelin" !

L'auteur a fortement corrigé le tir au niveau des bad guys et c'est tant mieux !
On retrouve certes avec Dendybar un mago psycho et avec Ombreflet un dragon mégalomane, mais les tous les autres vilains d'alignement loyaux mauvais ont de la gueule et tirent clairement l'ensemble vers le haut avec Entreri l'assassin bad ass, la vamp magicienne Sydney, le guerrier jaloux Jierdan et le golem Bok à mi chemin du Frankenstein de Mary Shelley et du T-800 de James Cameron qui nous gratifie de scènes assez cool (et en plus ils se tirent dans les pattes !).
D'ailleurs les scènes d'action et les situations sont plus variées et donc donne moins une impression de répétitivité.
Les deus ex machina sont moins nombreux, Guenhwyvar se faisant très discrète, donc le suspens est davantage présent !

Il reste néanmoins des trucs qui ne marchent toujours pas :
- inévitablement surviennent les moments où on entend rouler des dés... surtout quand on sort la table des rencontres aléatoires car on se retrouve avec des péripéties de remplissages qui rallongent la sauce plus qu'autres choses
- la manière dont nos compères partent à l'aventure en arpentant la route dans la joie et la bonne humeur sans préparation alors qu'ils ne savent pas où ils vont et comment ils vont y aller rappelle fortement "Le Donjon de Naheulbeuk" !
- des poncifs qui nous rappellent malheureusement qu'on est dans une novélisation d'un univers franchisé…
- on en fait des caisses sur l'atavisme des barbares qui haïssent la magie… Que ces passages sont mauvais !
- Catti-Brie qui est un des personnages principaux de "La Légende de Drizzt" ne fonctionne toujours pas…

Les intéressants monologues de Drizzt en début de parties tranchent avec le reste. On sent que l'auteur met beaucoup de lui-même dans son personnage fétiche. Dès lors on peut réinterpréter la saga : Menzoberranzan et ses traditions de compétitivité mortifère, c'est une certaine société américaine à qui l'auteur à décidé de tourner le dos, comme son héros, préférant essayer de rendre meilleurs les Royaumes Oubliés, comme son héros. Un monde parfois violent, raciste et fanatique dans son communautarisme certes, mais avec de l'amitié, de la solidarité, et la possibilité de s'intégrer dans un multiculturalisme progressiste. Si on ajoute que le héros est rejeté principalement à cause de la couleur de sa peau et des préjugés qui y sont affiliés, il n'y a qu'un pas pour y voir une critique en bonnes et dues formes de certaines mentalités.
Des héros porteurs de valeurs qui ont envie de rendre le monde meilleur, cela fait du bien : Justice Forever !
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}