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Critique de ingridfasquelle


Cecilia Samartin est née en 1961 à la Havane, pendant la révolution cubaine. Ses parents se réfugient alors qu’elle est encore bébé aux États-Unis. Elle grandit à Los Angeles, où elle étudie la psychologie avant de devenir thérapeute, œuvrant principalement auprès de la communauté latino. Elle est l’auteur de cinq romans traduits dans 18 pays, dont Le don d’Anna, La belle imparfaite (Archipoche, 2012 et 2013) et La promesse de Lola (L’Archipel, 2014). Auteur phénomène en Scandinavie, Cecilia Samartin est n°1 des ventes en Norvège, où ses romans se sont déjà vendus à plus d'un million d'exemplaires. En France, Le don d'Anna a conquis un vaste lectorat grâce à la magie du bouche à oreille. Nora ou le paradis perdu, son premier roman à être paru en 2004.

Optimistes et émouvants, les romans de Cecilia Samartin parlent au cœur et à l'âme. Nora ou le paradis perdu ne fait pas exception ! Envoûtant, captivant, empreint d'espoir et d'une force mystique comme le sont les romans d'Isabel Allende, Nora ou le paradis perdu est un roman riche et coloré, une histoire d'amitié, de perte, d'amour (au-delà des différences) mais surtout d'espoir.

Pendant les soixante dernières années le peuple cubain a vécu dans l'horreur d'un régime totalitariste les privant de ses droits les plus fondamentaux. Beaucoup regardaient, impuissants, leurs pays se désagréger. Cependant, certains d'entre eux continuaient à conserver l'espoir. Au péril de leur vie, ils continuaient à croire en la liberté, exprimant à haute voix leur volonté de vivre libre à n'importe quel prix. C'est dans cet état d'esprit que Cecilia Samartin a écrit Nora ou le paradis perdu. Ce roman, le tout premier qu'elle a écrit, retrace les heures les plus sombres de l'histoire de Cuba, depuis le gouvernement corrompu de Batista jusqu'à la révolution qui a permis à Fidel Castro d'établir le gouvernement totalitariste que l'on connaît et qui malheureusement, est toujours en vigueur de nos jours.

Dans son roman, Cecilia Samartin illustre très bien les diverses privations que subit le peuple cubain. Si la première partie de son récit décrit Cuba comme une île paradisiaque sur laquelle il fait (malgré tout) bon vivre, la suite laisse place à un changement de décor radical, le gouvernement castriste n'hésitant pas, entre autres, à affamer la population en rationnant la nourriture et les produits de première nécessité. Exsangues, désespérés, privés de tout confort mais aussi de tout espoir de changement, les Cubains en sont réduits à toutes sortes de marchandages pour assurer leur survie : marché noir, prostitution, pots-de-vin, dénonciations... Il ne reste plus rien du paradis tropical que Nora et sa cousine Alicia ont connu enfants ! Et le récit se fera de plus en plus poignant au fil des pages ! L'exil de Nora, contrainte de laisser derrière elle famille, amis, jusqu'à ses souvenirs les plus chers, est un véritable déchirement pour le lecteur !

«La tristesse du départ n'est comparable à nulle autre expérience [...] elle te frappe par grosses vagues qui peuvent t'arracher au sol quand tu crois avoir les pieds fermement ancrés sur la terre. Tout peut aller très bien, et voilà que tout à coup, tu entends les accords d'une chanson, ou tu sens des oignons en train de frire dans l'huile d'olive, et voilà que ton coeur se brise à nouveau en mille morceaux., juste comme ça. Tu vendrais ton âme pour te retrouver chez toi, ou pour éprouver un simple sentiment d'appartenance... quelque part... n'importe où.»

À travers la vie de ces personnages touchants à l'extrême, le lecteur plonge tête la première dans un récit si juste et si sincère que c'en est bouleversant ! On ne peut rester insensible à la détresse de ce peuple cubain privé de tout sauf de leur dignité. Même dans les moments les plus sombres et dans la pire misère, ils demeurent si fiers et si forts qu'on se sentirait presque coupable de vivre dans autant de confort ! C'est révoltant mais c'est également une belle leçon d'humilité, qui réveillera à coup sûr le sens de la générosité et du partage chez de nombreux lecteurs !

«Je ne vois peut-être pas la liberté sous le même angle que toi. Au fil des ans, je me suis trouvé une forme de liberté. Celle de découvrir qu'il ne me faut pas grand-chose pour être heureuse. Celle de vivre en en dépassant le malheur et la peur, et de trouver l'espoir au fond de ses propres larmes.»

Nora ou le paradis perdu est un roman magnifique et bouleversant qui vous fera découvrir autrement l'histoire de Cuba et de son peuple. Entre splendeur et décadence, Cecilia Samartin dresse un portrait à la fois enchanteur et terrifiant de son île natale qu'elle a quittée alors qu'elle n'était qu'un bébé. La dimension documentaire alliée à la plume poétique de l'auteure font de ce roman aux accents autobiographiques certains une pépite à côté de laquelle il ne faut surtout pas passer !
Lien : http://histoiredusoir.canalb..
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