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Critique de l-ourse-bibliophile


J'ai adoré Les cancres de Rousseau et j'avoue que Sarcelles-Dakar m'a un peu fait l'effet d'une douche froide. La plume d'Insa Sané ne m'a pas du tout emporté comme dans le précédent. Outre une vulgarité un peu trop présente à mon goût et une avalanche de marques (sachant que je ne m'y intéresse pas, que ça ne me parle pas et que ça me laisse totalement de marbre), l'usage abusif du verlan a véritablement freiné ma lecture, me demandant à chaque fois une ou deux secondes de réflexion pour remettre les syllabes à l'endroit (non, je ne suis vraiment pas familière du verlan) : « les taspés », « dans mon tier-quar », « on les a vesqui », « les teurinspects »… Stop ! Un peu, pas de problème, mais là, c'était trop.
Il faut dire qu'il s'agit là de son premier roman et que Les cancre de Rousseau, narrant des événements se déroulant juste avant ceux de ce volume-ci, est son dernier, publié dix ans plus tard. On y retrouve son écriture rythmée et directe, mais on peut clairement en apprécier l'évolution.

De même, je m'étais habituée au Djiraël des Cancres et celui de Sarcelles-Dakar m'a été, dans les premiers chapitres, moins sympathique. Attention SPOILERS sur Les cancres de Rousseau : le Djiraël qui haïssait son premier joint en fume désormais deux par jour, le Djiraël prêt à tout pour sauver un prof, aider les élèves à passer leur bac et prouver qu'il n'est pas juste un cancre sèche la fac parce que « ça [le] saoule » et préfère aller braquer des mecs. D'accord… Il a beaucoup changé en moins d'un mois quand même. (Encore une fois, ce « nouveau » Djiraël a été imaginé avant celui des Cancres, je sais.)

Cela dit, même si la lecture a été moins agréable, tout n'est pas à jeter dans ce roman. Au contraire. Si le début ne m'a pas vraiment intéressée, les choses ont commencé à changer lorsque Djiraël et sa famille ont embarqué pour le Sénégal (une histoire de paternel dont je ne dirai rien). On y découvre une autre réalité, plus dure que celle que Djiraël croyait vivre en banlieue, plus miséreuse. Les magouilles, l'incertitude du lendemain, la pauvreté…
Et à cette Afrique-là, se mêlent également l'Afrique riche en contes, en traditions et en rituels. Des histoires étranges y sont racontées, y sont vécues. Un univers magique, entre légendes et magie qui redonnera à un Djiraël désabusé un peu d'espoir tout en apportant un enchantement depuis longtemps disparu à son quotidien.

Ce voyage vers ses racines place Djiraël face à ses contradictions et le personnage apparaît un peu plus complexe, poussé à davantage de maturité (et remontant dans mon estime). Là-bas, on l'appelle « francenabé » et lui qui se sentait en bas de l'échelle en France est maintenant un privilégié.

« - Oui, je sais… En France on t'appelle « l'immigré » et ici, on te prend pour un Français.
- Bah, en réalité, j'suis juste un Sénégalais. »

Ce premier roman d'Insa Sané n'est donc pas exempt de défauts, mais c'est également un bon livre, à la fois vivant et poétique, à la fois brutal et tendre, dans lequel l'auteur nous fait voyager entre plusieurs mondes, de la banlieue parisienne au Sénégal, un pays à plusieurs facettes, de la sombre misère à la richesse des histoires ancestrales.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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