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Citations sur L'astragale (45)

Je crois qu'à l'hôpital, on aime assez exhiber ce qu'on a de plus laid : c'est à qui aura la plus effroyable couture, avec le plus grand nombre de points de suture, le plâtre le plus volumineux, l'extension la plus pesante. Et moi, devant Julien, au lieu de jouer de mes mains et de mon visage intacts, je dénude ma peau criblée de trous et de marbrures, et je regrette de ne pouvoir lui montrer aussi ce qu'il y a sous mon plâtre et qui, à en juger par les infiltrations qui colorent le talon, doit être plus saisissant encore.
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On tue un corps plus facilement qu'un souvenir. (p.187)
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Ce texte ne figure pas dans le roman , il est ici , juste pour donner un aperçu du talent de l'auteure .
**************VERONA LOVERS**********************

Sur les frais oreillers de marbre ciselé
Où fane un lourd feston de corolles savantes
Se confondent sans fin les amants aux amantes
Qui se sont fait mourir du verbe ensorcelé

Avares du vieillir , Ô vous enviez-les
D'avoir sur le tremplin des extases si lentes
Laissé ce million de minutes naissantes
Et bien royalement le monde tel qu'il est

Cette nuit là comme ils s'aimèrent sans mensonges
Quelque pouce géant dans sa toute bonté
A fait rouler leurs yeux hors des coffres du songe

Cependant que très loin sur les terres bénies
Les violons têtus enchantaient les Asies
Et riaient de tendresse leurs divinités
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Que ce réveil tourne lentement ! Le drap colle à ma poitrine, m’oppresse un peu. Je voudrais dormir, être minéral, être bloc autour de mon cœur qui bondit et court devant moi : choisis-la, Julien la route qui est à moi, sautes-y à pieds joints et que je porte à jamais chacun de tes pas.
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À nouveau je marche, mes pieds sont ocrés de poussière, et les gens que je côtoie m’enveloppent, me portent, me bousculent sans me gêner, comme des vagues ; je marche, passive, ni gaie ni triste. L’ardeur du soleil s’emmagasine en moi, sans irradier encore : je remonterai bientôt vers les froidures, j’aurais besoin de mon stock.
Avec ma patte, je ne peux plus marcher sans semelles : la plante du pied est dure et cornée, mais elle est devenue sensible comme une muqueuse, la moindre poussière de caillou la perce de douleur. Ma jambe n’est plus la demi-base sûre de mon équilibre, chaque pas est un simulacre, une chute rectifiée ; que je cesse de penser à ma démarche, et aussitôt je me surprends à clopiner et à poser le pied de travers, sous l’angle laissé par le moule de plâtre « en léger équin » disait le dossier.
Marche droit, Anne : si l’on te questionne, jamais cet accident ne doit transparaître, ta patte menace de prison ceux qui l’ont sauvée. Mais… Comment se rappeler la prison, ici ? Comment même y croire ? Ici, tout le monde semble déguisé, et la police omni-présente laisse tranquille la foule à laquelle je ressemble, avec mon chapeau de pacotille et mes lunettes noires.
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Les soirs où je monte me coucher avec les nerfs qui grouillent et le regret d'avoir changé de prison, je m'enferme à double tour : ça me console et me libère, de boucler moi-même la porte de ma geôle.
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Je n'essaie pas d'intéresser les gens : après quelques avances mal reçues ou interprétées de travers, je me renfrogne dans l'indifférence où eux-mêmes me laissent. Non par mépris, mais parce que je ne sais pas forcer les oreilles et les coeurs : il faut qu'on vienne à moi. (p.140)
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Pour la première fois, je n’ai pas envie de connaître la fin, ni même la suite de cette aventure. Je suis là, nue, sur le fauteuil, à regarder Julien qui dort ; je voudrais rester ainsi, stagnante, tiède, dans le silence où s’élèvent seules nos respirations régulières, sans plus devoir faire les gestes, dire les mots qui nous échangent et nous trahissent ; cette minute vraie et vivante, je l’étire en éternité..
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[...] et nos mains gentiment nouées font un pont frêle de son inconnu à ma solitude.
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(p. 132)

Je renifle Paris, je me planque en son cœur, je suis revenue. Vaincue, cassée, je suis là quand même; d'ailleurs, comme nous disions souvent à la taule, le vainqueur, c'est celui qui se casse. Je reviens, Paris, avec les décombres de moi-même, pour recommencer à vivre et à me battre.
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