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Critique de aouatef79


Jean-Paul Sartre est philosophe , romancier et dramaturge .Il est ,aussi, un métaphysicien , un moraliste et un observateur informé des faits sociaux .Pour l 'approcher et cerner sa pensée , il y a comme une double entrée : celle du philosophe à travers l''Etre et le Néant , l'' Imaginaire et Situations , et celui du critique littéraire à travers les œuvres de fiction ,romans et théâtre .La pensée de Sartre ne sera comprise ici que dans la forme où elle s ' exprime par la littérature .Et comme exemple ,dans ce dernier cas ,on s 'intéressera à son célèbre roman La Nausée .Ce dernier est le premier roman du philosophe .Sa parution date de 1938 ."La Nausée" ,c'est le mouvement de dégout qui envahit un être conscient lorsque , d 'une part , il sent l 'épaisseur de son existence et de l 'existence des choses et , d 'autre part ,découvre le fortuit ,l 'inexplicable de toute existence .
Dans ce livre le narrateur ,Roquentin , un jour ,dans le Jardin public de Bouville ,est en proie comme d 'habitude à la nausée ..A ce moment ,il a connu un de ces instants de clairvoyance où un homme réussit à s 'expliquer ses états profonds ; et voici ce qu 'il écrit dans son journal :
"Tous ces objets ....comment dire ? Ils m 'incommodaient ; j 'aurais souhaité qu 'ils existassent moins fort , d 'une façon plus sèche , plus abstraite avec plus de retenue .Le marronnier se pressait contre mes yeux .Une rouille verte le couvrait jusqu 'à mi-hauteur ;l 'écorce noire et boursouflée ,semblait de cuir bouilli .Le petit bruit d 'eau de la fontaine Masqueret se coulait dans mes oreilles et s 'y faisait un nid ,les emplissait de soupirs ;mes narines débordaient d 'une odeur verte et putride ...Dans un autre monde ,les cercles ,les airs de musique gardent leurs lignes pures et rigides .Mais l 'existence est fléchissement .Des arbres ,des piliers bleu de nuit ,le râle heureux d 'une fontaine ,des odeurs vivantes de petits brouillards de chaleur qui flottaient dans l 'air froid ,un homme roux qui digérait sur un banc : toutes ces somnolences ,toutes ces digestions ,prises ensemble ,offraient un aspect vaguement comique .Comique ...Non : ça n 'allait pas jusque-là ,rien de ce qui existe ne peut être comique ;c 'était comme une analogie flottante ,presque insaisissable,avec certaines situations de vaudeville .Nous étions un tas d 'existants gênés ,embarrassés de nous-mêmes, nous n 'avions pas la moindre raison d' être là ,ni les uns ni les autres ;chaque existant ,confus ,vaguement inquiet , se sentait de trop par rapport aux autres .De trop : c 'était le seul rapport
que je pusse établir entre ces arbres ,ces grilles ,ces cailloux, .De trop le marronnier ,là ,en en face de moi , un peu sur la gauche .De trop ,la Velléda ...Et
moi -veule ,alangui ,obscène ,digérant, ballotant de mornes pensées -moi aussi, j 'étais de trop . le malaise ,ici, de se sentir de trop dans un monde sans raison ni finalité ,quoi de plus déprimant ?
On est en plein dans l 'Absurde .Pour s 'en sortir ,une fois qu ' on pris conscience de ce non-sens de l 'existence ,J.Paul Sartre opte dans un premier temps pour l 'ART ! Comme la musique du saxophoniste par exemple .Mais après ,il opte pour l 'engagement politique et être Témoin de son temps et prendre acte dans l 'Histoire Humaine!
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