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Critique de Madame_lit


Une femme atteinte de tuberculose, dans un sanatorium, reçoit une lettre de son amant lui annonçant qu'il rompt puisqu'il va se marier avec une autre. Cependant, il lui dit que leur amitié demeure. Dès qu'elle lit ses mots, son monde bascule, ses espoirs, tout comme cet amour absolu qu'elle ressent pour lui. Elle couche sur le papier de sa lettre ses émotions, ses souvenirs de cet amour qui pour elle ne peut se vivre sans concession.

Mes impressions

Je dois tout de suite dire que j'ai été très émue par ce livre, par cette histoire. D'une part, je ne sais pas si cette correspondance est fictive ou réelle. Mais peu importe, elle apparaît comme universelle tant cette perte d'illusions par rapport à l'être aimé s'avère profonde, lucide, intelligente, féminine comme seule une femme peut aimer, peut rêver, peut se souvenir… et ce même des imperfections de l'autre.

«Où est le mal si je restais, si j'acceptais ces insuffisances, si je les aimais? Oh! homme, tu veux toujours qu'on t'admire. Toi, tu ne juges pas, tu ne mesures pas la femme que tu aimes. Tu es là, tu la prends; tu saisis ton bonheur, elle semble ne plus s'appartenir, avoir perdu toute notion : tu es heureux. Elle t'a crié : je t'aime et tu es satisfait. Tu n'es pas brutal; tu es doux, tu lui parles, tu t'inquiètes d'elle; tu la consoles par des mots tendres, tu la berces. Mais tu ne la juges pas, puisque tu lui demandes d'être heureuse par toi et de te dire qu'elle est heureuse par toi. […], tu veux ‘'être'' seulement […] tes faiblesses sont à moi. Je les ai découvertes peu à peu sans trêve. Je souffre de ces travers mais je ne voudrais pas que tu changes. […] Rien n'est plus attachant que les faiblesses et les défauts : c'est pas eux que l'on pénètre l'âme de l'être aimé, âme constamment cachée par le désir de paraître à tout le monde. […] Ne te plains pas de ce que je te juge et te mesure : je te connais mieux et ce n'est pas pour t'aimer moins. » (p. 39-43)

J'aime tellement cette plume, cette façon de décrire l'intimité et cette manière de parler de cette connaissance de l'autre qui rejoint l'âme. L'amour d'une femme passe aussi par les défauts de l'autre. Elle n'aime pas ce qu'elle voit ni ce qu'elle vit, mais ce qu'elle connaît, ce qu'elle ressent pour l'être aimé à travers ses bontés et ses défauts.

D'autre part, ce texte me parle car il aborde l'amour absolu que ressent une femme malade pour un homme. Ses espoirs s'écroulent à la lecture de ces mots :

«Je me marie… Notre amitié demeure…» (p. 29)

Six mots qui tuent, qui font naître l'incompréhension, la mélancolie, la douleur, «la valeur de toute chose». Quand la mort est à notre porte, que reste-t-il sinon l'espoir que quelqu'un nous attende quelque part, nous espère, nous désire. Encore un malheur, encore un vide, encore une flèche du destin, encore les larmes, les cris. Et cette prière à un Dieu pour venir nous chercher pour que tout cesse, pour ne plus entendre cette souffrance et ce désespoir qui martèlent nos pas. Comment est cette autre femme qui est heureuse entre ses bras? Celle avec qui il souhaite être? Il ne nous reste que l'amitié. La voulons-nous?

Je me suis reconnue dans ce texte à bien des égards… Comme quoi la perte de l'être aimé est universelle, que l'amour que l'on ressent pour un autre est absolu. Il n'a pas de limite, il n'a pas de temps, il est et il a mal.

«Mais j'ai mal; et, quand j'ai mal, je m'éloigne sans retourner la tête. Ne me demandez pas de vous regarder par-dessus l'épaule et ne m'accompagnez pas de loin. Laissez-moi. » (p.88)

Si vous avez la possibilité de lire ce livre, n'hésitez pas une minute. Marcelle Sauvageot m'a beaucoup émue. Son histoire est triste, mais ce qu'elle nous a laissé est sublime, est un hymne à l'amour absolu, est un cri dans une nuit qui n'en finit plus…

https://madamelit.ca/2023/06/10/madame-lit-laissez-moi-de-marcelle-sauvageot/
Lien : https://madamelit.ca/2023/06..
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