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Critique de JeanPierreV


Fin des années 50, début des années 60…Michaël a 15 ans, très fatigué par une jaunisse, il vomit dans la rue. Une femme l'aide….il décide de la retrouver pour la remercier….c'est le début d'une passion qui marquera toute leur vie ce gamin et l'homme qu'il deviendra..mais également cette femme, Hanna…
Une femme banale, une femme secrète, qui a vingt ans de plus que lui, elle est receveuse dans un tramway, il est lycéen, ils se retrouvent tous les jours, le gamin invente et trouve des excuses pour expliquer ses retards à la maison, des vacances avec elle…Leurs rencontres quotidiennes se déroulent dans un rituel immuable : « Lecture, douche, faire l'amour, et rester encore un moment étendus ensemble, tel était le rituel de rendez-vous »…

Puis cette femme disparaît brutalement de la vie de Michaël, elle déménage sans laisser d'adresse, quitte un travail alors qu'une formation et une promotion lui étaient promises…
Michaël jeune homme la retrouve plusieurs années après …il est étudiant en droit, et à l'occasion de travaux universitaires il suit le procès d'anciennes gardiennes SS de camps de déportation…Elle est sur le banc des accusés..elle le voit dans la salle et se tourne fréquemment son regard vers lui, il ne peut s'empêcher d'assister à toutes les audiences
L'étudiant en droit s'interroge : quel est réellement le degré de responsabilité de cette femme, accusée par ses codétenues, et dont les actes étaient légitimés par un régime, quel est celui des hommes et femmes de la génération de ses parents, de leur silence face aux crimes nazis, pourquoi cette anesthésie…??
Certes Hanna n'est pas une sainte, mais Mickaël est seul à découvrir un détail de la vie d'Hanna qui aurait pu atténuer sa responsabilité ou donner ne autre tournure au procès…il n'en parlera pas, elle ne l'évoquera jamais, elle préférera être condamnée à la détention à perpétuité…à la honte. Devait-il le dévoiler au juge alors qu'Hanna n'en parlait pas, et d'une façon générale doit-on sauver une personne contre son gré et la laisser face à une honte ?
Je ne souhaite pas en dire plus, la quatrième de couverture en dit beaucoup trop
Ce roman – autobiographique selon certaines sources – que j'ai lu avec intérêt m'a laissé un goût amer quant à la personnalité du jeune homme et de l'homme Michaël : Obnubilé par cette femme, et n'arrivant pas à construire une autre vie amoureuse, n'a t-il pas été pendant toute sa vie par son silence, par ses absences, par sa trahison, un peu celui par qui le dénouement final arrivera… une forme certaine de lâcheté à mes yeux, lâcheté qui devait également le tarauder, quand il décidera de faire des gestes vers Hanna, de lui dire à sa façon : « Coucou, je suis là, je pense à toi… » Sa façon à lui de se racheter peut-être…
Cette femme est montrée du doigt, mais le jeune homme, l'homme Michaël doit l'être aussi
Un goût amer aussi, parce qu'on ne saura jamais si cette femme a été ce monstre, cette « jument », terrible, crainte par toutes les détenues, ou une femme passive, chargée par ses codétenues…
Là se trouve la force de ce roman et de ce scénario : laisser le lecteur face à des interrogations, face à des questions, face aux personnages et le forcer à s'interroger » Et vous qu'est-ce que vous auriez fait? ».…la même question que celle qu'Hanna a posé au juge…
Des questions que l'auteur né en 1944 s'est sans doute posé
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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