AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PostTenebrasLire


Nous sommes en 1942 à Bornéo. L'île est occupée par les Japonais.
Les alliés parachutent un capitaine (le narrateur) et son adjoint pour établir le contact avec les populations qui vivent au coeur de la jungle.
Leur but ? Les convaincre de se battre contre les Japonais.
Mais les tribus rencontrées ont un roi : Learoyd un Irlandais rescapé d'un naufrage.

En lisant le quatrième de couverture, je pensais aux films “L'Homme qui voulut être roi” et “Apocalypse Now” mais la plume de Pierre Schoendoerffer porte le récit vers de plus hauts sommets et surtout de profonds abîmes.

La nature, la forêt est omniprésente et proprement inhumaine :

> La matrice du monde. La vie originelle qui engendre la mort, l'ovulation, la fécondation, l'éclosion, la fermentation perpétuelles. Un fouillis de lianes juteuses de sève, de feuilles baveuses, d'écorces gluantes, de tentacules caoutchouteuses hérissées d'épines. Un air chaud et fiévreux, verdâtre, saturé d'odeurs qui soulèvent le coeur, croupissant comme une eau morte sous la chappe des grands arbres pétrifiés. La vie et la mort enlacées dans une copulation furieuse, répugnante. La vie et la mort et la vie et la… Un embrassement tragique. La Vie ! Comment ne pas être épouvanté ?…

Le récit est un récit de guerre, de trahison, d'amitié, de mort, de moiteur, d'obscurité, d'insectes qui vous dévorent.
C'est glauque, parfois d'une violence inouïe.

Les combats se sont engagés avec les Japonais. Devant les forces alliées, ils ont choisi de fuir vers la forêt.
S'ensuit une lente agonie. Coupés de leur armée, ils sont à la merci des combattants indigènes.
On se bat jusqu'à la mort. La mort est presque toujours une délivrance.

Je me suis fait la réflexion à postériori : le mot, le concept de reddition n'est jamais prononcé ni pensé.
Personne ne pense à jeter l'éponge. Jamais de « A quoi bon ». La seule porte de sortie est le suicide et certainement pas la gloire.
On ne renonce pas même quand on n'est plus un homme mais une bête.

« Apocalypse Now » se termine avec les mots du colonel Kurtz : « L'horreur ».
Mais ici, elle sous-tend tout le récit :

> Les yeux du Japonais restaient ouverts ; l'horreur y était toujours, mais la vie, plus effrayante, était partie.

« la vie, plus effrayante que l'horreur » tout est là !

Il pleut tout le temps ou presque, la moiteur est omniprésente. le ciel est souvent sombre, lourd et chargé.
Il y a parfois des moments de clarté comme des trouées dans la forêt. Des moments de camaraderie, de complicité, de contemplation. le roman tourne principalement autour du narrateur et de Learoyd mais les personnages secondaires sont très réussis.
Je pense particulièrement à Fergusson le supérieur du capitaine. Il cache un secret une sorte de communion avec Learoyd.
Il veut ou semble vouloir pourtant sa fin.

Learoyd sera trahi, défait

> Roi du vent et de la pluie, tu n'as pas laissé sur cette terre de trace plus profonde que l'empreinte de tes pas.

Ce livre reste un chef-d'oeuvre. Une plongée dans l'âme humaine

> …Je me suis fait peur parfois… Il ne faut pas descendre trop profond dans la nuit de soi-même, il ne faut pas plonger dans les eaux troubles du marais maudit : les monstres sont là… dessous, immobiles. Il ne faut pas !

Un chef-d'oeuvre.

C'est Deidre qui m'a donné envie de lire ce roman
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}